Quotes in Tamil

சிருஷ்டிகளை எவ்வளவுக்கு அதிகமாய் நேசிப்போமோ அவ்வளவுக்கும் சர்வேஸ்வரனை அற்பமாய் நேசிப்போம்

- அர்ச். பிலிப்புநேரி

"சிருஷ்டிகளில் நின்று உங்களிருதயத்தை யகற்றி, கடவுளைத் தேடுங்கள். அப்போது அவரைக் காண்பீர்கள்

- அர்ச். தெரேசம்மாள் -

சர்வேஸ்வரனுக்குச் சொந்தமாயிராத அற்ப நரம்பிழை முதலாய் என்னிருதயத்தில் இருப்பதாகக் கண்டால் உடனே அதை அறுத்து எறிந்து போடுவேன்

- அர்ச். பிராஞ்சீஸ்கு சலேசியார்

சனி, 22 பிப்ரவரி, 2025

Une conversion récente aux Indes

 

Une conversion récente aux Indes

L'histoire des conversions est toujours instructive; celle du Dr Zacharias offre un intérêt particulier d'abord à cause de la variété des expériences religieuses par lesquelles l'auteur a passé pendant dix-huit ans il fut successivement athée, agnostique, déiste, franc-maçon, occultiste, védan- tiste; ensuite, et surtout, parce que ce fut précisément l'insuffisance expérimentée des diverses solutions apportées par les différentes sectes au problème religieux, depuis la plus négative jusqu'à la plus élevée, qui amena cette âme, avide de lumière, au catholicisme intégral.

Le lecteur ne trouvera pas dans ces pages, une analyse psychologique raffinée, comme dans les autobiographies d'un Newman, ni des discussions philosophiques subtiles; mais, comme s'exprime l'auteur, l'évolution d'un œil presqu'atrophié, recouvrant graduellement sa capacité native de voir capable d'abord de distinguer seulement quelques rayons, et petit à petit recevant plus de lumière, en proportion directe de sa réceptivité croissante et de sa sensibilité recouvrée aux rayons lumineux..

Histoire extrêmement encourageante pour ceux qui cherchent sincèrement la vérité; très instructive aussi pour les croyants. Cette lente ascension d'une âme vers la vérité totale montrera que la grâce, souvent, ne brûle pas les étapes; elle leur apprendra que, dans l'erreur même, se rencontrent des âmes déjà catholiques de désir qu'il faut traiter, non pas avec un dédain plein de suffisance, mais avec pitié et même avec respect. Aux apologistes elle enseignera à patienter, à ne pas s'étonner des lenteurs, ni s'indigner des retards ou des détours, à ne pas vouloir brusquer les convictions, mais à adapter leurs méthodes aux dispositions présentes de ceux qu'ils veulent éclairer et à régler leurs initiatives sur le mouvement même de la grâce intérieure.

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Le point de départ de la conversion de M. Zacharias fut le mysticisme hindou et la maçonnerie ésotérique anglaise. En effet, élevé dans le luthéranisme le plus libéral, il ne put défendre ce christianisme atrophié contre les influences des milieux universitaires allemands et dès cette époque il l'abandonna, pour tomber d'abord dans l'athéisme, puis dans l'agnosticisme. Toujours mal satisfait, il s'adonna aux sciences occultes, s'engagea dans la franc-maçonnerie ésotérique, pour devenir enfin védantiste. Ce fut, croyons-nous, lors de son premier séjour aux Indes, en 1919. Ce voyage. lui permit d'admirer les villes célèbres de ce pays merveilleux et lui fournit l'occasion de causer avec Gandhi et bon nombre de dirigeants indiens. A Pouna, où il se fixa, il fit connais- sance avec des Servants of India Society dont le dévouement et l'esprit de sacrifice l'enthousiasmèrent. Gobal Krishna Gokale, en effet, dans le noble but de spiritualiser la vie publique avait créé, en 1905, plus ou moins à l'instar de nos ordres religieux, une association dont les membres doivent consacrer leur vie à la cause du pays dans un esprit religieux. Ils veulent organiser l'éducation politique, après des études approfondies, promouvoir des échanges de relations cordiales et de coopération, aider les classes arriérées... à monter au rang qui leur est dû dans l'Etat”. Cette société publie un journal hebdomadaire très important. M. Zacharias devint coéditeur du journal, prenant comme rubrique spéciale les affaires étrangères. Il fut conquis par l'Inde au point de vouloir vivre à l'indienne, revêtant le dothi et le naghri, mangeant avec les doigts les plats du pays, saluant à la manière hindoue; bref il devint hindou avec les hindous.

L'étude du mysticisme hindou amena naturellement son attention sur le mysticisme chrétien, et ainsi le Christ rentra dans sa vie! Vers la même époque, élevé aux grades supérieurs de la maçonnerie qui exigent une profession de foi trinitaire, malgré les restrictions et les réserves intérieures dont il l'entoura, il prit sa nouvelle dignité très au sérieux. < Bien que pour la plupart le grade de Rose-Crcix > ne signifie pas grand chose, il n'y a pas de doute qu'il me ramena au Christianisme Le résultat de ses études mys- tiques et de ses réflexions fut qu'insensiblement il se convainquit que le christianisme mérite une sérieuse attention. << Graduellement cette conclusion s'imposa à moi d'une façon irrésistible: si, après tout, le christianisme possède tant de richesses, il serait illogique de ne pas en tenter une expérience loyale, pour découvrir si peut-être mes désirs et mes vagues aspirations ne trouveraient pas leur satisfaction dans ce même christianisme auquel j'appartenais par naissance, mais que j'avais méprisé jusque-là, avec l'orgueil d'un ésotérique, comme bon seulement pour le vulgaire >.

Certes Zacharias ne croyait pas encore à la vérité du christianisme; mais il se persuada que la véritable attitude scientifique consistait à suspendre son jugement et à expéri- menter la vérité des doctrines, en agissant comme si elles étaient vraies. Du catholicisme il ne pouvait être question en ce moment, étant trop en dehors du cercle des préoccupations d'un anglo-saxon; il se tourna donc vers l'Église d'Angleterre. Pour commencer son expérimentation, il crut que la première démarche à faire était d'assister à l'office du dimanche. Après tout, ce n'était pas très compromettant, et c'était une façon de passer sa soirée aussi respectable que d'aller an elub. Graduellement son assistance aux services divins devint plus assidue. Bientôt il crut que la sincérité de l'expérience qu'il tentait, exigeait qu'il s'efforçât de mettre sa conduite morale en harmonie avec les préceptes chrétiens. Le succès de ses premiers efforts pour conquérir la maîtrise de soi l'encouragea et lui inspira le désir de supprimer, l'un après l'autre, les gros péchés qui alourdissaient sa conscience. Jusqu'ici il n'avait même pas songé à la grâce; il ne faisait qu'une expérience scientifique. Mais il se heurta bien vite à un obstacle insurmontable: un péché tellement incrusté en lui, par une habitude de vingt-cinq ans de faiblesse, et devenu comme une partie intégrante de lui-même, qu'il n'y avait pas d'espoir de pouvoir s'en débarrasser. Son désir de libération s'en exaspéra; et dans son impuissance désespérante il se jeta dans le bras de la miséricorde du Christ. Il fit sa première communion et dès ce jour il sentit son âme libre.

Un voyage en Terre sainte l'impressionna vivement. Pour la première fois les scènes évangéliques devinrent des réalités pour lui, non seulement des réalités d'un passé depuis longtemps disparu, mais des réalités vivantes et présentes. Au saint Sépulcre, il pria en versant des larmes.

Il avait habité jadis Londres, alors qu'il était agnostique. Son retour dans la capitale fut un vrai voyage de découvertes: il trouva le Londres des églises. Une visite dans le principal temple Low Church le mit en fuite; maisil se sentit vivement attiré par l'église All Saints, l'une des plus << High Church de Londres. Il fut immédiatement conquis non seulement par l'exquise beauté de l'édifice, la splendeur imposante des cérémonies, le sermon pieux du vicar»; mais surtout par l'atmosphère de dévotion catholique et de prière eucharistique. Il devint un paroissien enthousiaste.

Le vicar le mit en relation avec les moines de l'abbaye de Caldey, six mois avant que ceux-ci fissent leur soumis- sion à Rome. Ce premier contact avec la vie bénédictine le transporta au point que la vie du monde extérieur lui parut un chaos d'anarchie et de folie. Sa première entrevue avee l'abbé cependant lai donna un rude choc. Dès l'abord, celui- ci lui demanda pourquoi il ne songeait pas à se faire catho- lique, au lieu de s'inquiéter des sectes anglicanes! Et sans préambules, comme une chose qui va de soi, il proposa de se confesser!

La retraite que le Dr Zacharias fit sous la direction des moines, marque un moment désisif dans sa vie. Il prit connaissance de la littérature catholique de dévotion, qu'il apprit à apprécier plus que les livres protestants; il se forma aux habitudes de la piété distinctement catholique, comme la récitation des heures canoniales qui le charmèrent. Mais le résultat principal de ces jours de solitude, fut de lui inspirer un vif sentiment de la gravité du péché aussi tit-il une confession générale avec une profonde contrition et de ce jour la pratique de la confession fréquente devint une partie intégrante de sa vie religieuse. En quittant l'Angleterre Zacharias était done catholique de pratique et de dévotion; intellectuellement un long chemin lui restait à parcourir.

 

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Revenu aux Indes, il reçut la confirmation, et se posa en paroissien fervent et en anglo-catholique convaincu. Une conséquence bien inattendue de sa vie religieuse intense fut d'éveiller en Ini une antipathie croissante contre la franc-maçonnerie. Certes, la maçonnerie anglaise n'a rien d'anticlérical; elle compte bon nombre de clergymen > anglicans dans ses rangs; et néanmoins elle lui apparut comme incompatible avec son progrès spirituel il fallait donc se séparer de cette association à laquelle un long passé le rattachait; la décision fut pénible; mais il donna sa démission.

Vers la même époque se place un événement considérable: il fit connaissance avec la philosophie catholique, dont l'étude devait transformer son intelligence, la libérer des ( restes latents d'agnosticisme et d'idéalisme, et, à son insa, lui donner une mentalité catholique. Le livre qui l'introduįsit dans ce monde nouveau fut le manuel de philosophie du P. Maher, S. 1. Pour un esprit indiscipliné comme le sien, cette lecture ne fut pas une entreprise aisée; mais ses efforts acharnés furent largement récompensés: elle fut pour lui une véritable révélation. Pour la première fois le Dr Zacharias, comprit que la philosophie n'est pas un vain amusement de l'esprit ou un simple jen de dialectique, mais un essai loyal et sérieux d'expliquer le monde et de résoudre les grands problèmes qui intéressent tout l'homme. La puissance et l'harmonie de la synthèse thomiste, sa solidité et sa elarté lui procurèrent le plein repos de l'esprit Ayant marché à tâtons, pendant toute ma vie dans le brouillard intellectuel du matérialisme et de l'idéalisme, je me trouvai tout à coup marchant en pleine lumière dans un paysage de beauté exquise et plein de vie... Je sentis que le réalisme catholique avait non seulement procuré ma délivrance du cauchemar de vivre dans le chaos, mais m'avait rendu la faculté de la raison elle-même >.

Quelle que fut la ferveur de sa vie et son attachement à l'anglicanisme, il ne pouvait échapper au problème qui nécessairement se pose à tout anglo-catholique, du fait même de ses aspirations catholiques et de sa séparation d'avec l'Église romaine. Quelle est la position de l'anglo-catholicisme en face du reste de la chrétienté? Une étude sérieuse, tant des livres anglicans que catholiques, lui laissà la conviction que les preuves historiques sont impuissantes à trancher définitivement la question de l'infaillibilité; mais la raison lui parut démontrer que l'existence d'une autorité humaine infaillible devait nécessairement arrêter toute recherche de la vérité et partant tout progrès intellectuel. Logiquement Zacharias rejeta toute infaillibilité, y compris celle de la Bible. Aucune Église donc ne jouit de l'inerrance, même corporativement; aucune n'est complètement exempte d'erreurs. Mais l'Église est indéfectible: aucune vérité ne disparaîtra complètement; chaque dogme peut être nié par un nombre plus ou moins grand de sectes; mais il se trouvera toujours an moins une communauté chrétienne pour le sauver de l'oubli, Dieu ne permettant pas le triomphe définitif de l'erreur. Dès lors l' Église catholique » n'est en réalité qu'une aspiration, elle n'est pas une réalité existante. Cette théorie, qui lui sembla plus satisfaisante que la thèse anglicane des églises branches, écartait la nécessité de changer de confession ou de songer même à s'unir à Rome. D'ailleurs une erreur, une grande erreur, peut-être la seule, entachait le catholicisme romain: le papisme est une hérésie manifeste. Il ne put cependant s'empêcher de reconnaître la vitalité merveilleuse de cette Église. La révision du Bréviaire et la codification du Droit canonique, décrétées par Pie X, étaient manifestement des progrès considérables, progrès qu'aucune autre église, par défaut d'autorité, n'aurait été capable de réaliser. Le succès des réformes pontificales contrastait péniblement avec l'impuis- sance des autres communautés, et néanmoins, fasciné par le prestige des anciennes Églises orientales, il sympathisait avec cette fraction des anglo-catholiques, qui, abandonnant l'idée d'une réunion avec Rome, rêvaient plutôt d'un rapprochement avec Constantinople.

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Depuis son retour aux Indes sa ferveur ne s'était pas démentie; il était un prosélyte ardent et convaincu de l'anglo- catholicisme. Cet enthousiasme se refroidit à l'occasion d'un voyage à travers l'Inde, qui élargit son horizon, jusque-là limité à son petit milieu de province. Parcourant le pays, de Rangoon à Delhi, et du Penjab au Travancore, Zacharias put se rendre compte du peu de place qu'occupe dans le monde cet anglo-catholicisme auquel il s'était attaché; il lui apparut comme un facteur négligeable, même dans la grande activité missionnaire des protestante.

Ce même voyage ébranla aussi son admiration pour les Églises orientales. Reçu, quoiqu'Anglican, dans la communion de la vieille Église jacobite du Malabar, enseignant et étudiant dans ses monastères et ses séminaires pendant un an, il put connaître par expérience directe la vie intime de cette antique communauté. L'enthousiasme du début se calma rapidement; les faits observés le forcèrent, malgré lui, à reconnaître qu'une église repliée sur elle-même est inexorablement condamnée à la stagnation. Quel contracte aussi entre les rites rudimentaires et comme pétrifiés des Jacobites et la liturgie vivante des Syriaques romains, leurs voisins: cependant celle- ci n'est pas moins syriaque pour être romaine, ni moins ancienne pour être intensément moderne. Assurément l'Église jacobite n'est pas entachée d'Érastianisme, comme les Églises orthodoxes d'Europe; mais il est évident que, pour une église autocéphale, il n'y a pas d'autre alternative possible: ou bien une succession de luttes intestines entre les fractions rivales de la communauté, ou bien l'autocratie d'un patriarche, faillible en fait comme en droit, et néanmoins regardé comme l'unique gardien de toute vérité et de tout pouvoir. Sa première expérience était donc nettement défavorable aux Eglises orientales. Le prestige de la grande Église de Constan- tinople, qui restait toujours sa norme, allait bientôt être ébranlé à son tour. La lecture de la Somme Théologique de saint Thomas convainquit le Dr Zacharias que cette Église avait erré dans la question du Filioque; et les intrigues louches des Églises orientales, cherchant un rapprochement avec les Anglicans, dans le seul but d'obtenir un soutien politique, lui firent comprendre jusqu'à quel point ces Eglises sont infectées d'Érastianisme et de nationalisme. Décidément il n'y avait rien à attendre de l'Orient.


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Jusque-là cependant ni ses déconvenues, ni ses études de théologie et de philosophie scolastiques n'avaient diminué sa conviction que la doctrine romaine sur le primat et l'infailli- bilité pontificale était une monstrueuse erreur. Pour la première fois les conversations de Malines et certaines déclarations de Lord Halifax excitèrent le désir de comprendre exactement la portée et la signification du dogme défini an concile du Vatican. Du jour où il l'examina de sang-froid et sans pré- jugés, toutes les difficultés s'évanouirent les unes après les autres. Ébranlé, mais non convaincu de la nécessité de se soumettre au pape, il résolut de suspendre son jugement et d'observer attentivement les faits. C'était déjà un grand pas.

Pour un catholique de naissance, il peut paraître étrange et même incompréhensible, qu'un homme, admettant tous les dogmes catholiques, se refuse à la démarche suprême. Mais il ne faut pas se faire illusion: un abîme sépare le catholi- cisme de toutes les sectes issues du protestantisme. Quels que soient les points de rapprochement, la divergence porte sur l'attitude fondamentale de l'esprit, sur le principe même de l'individualisme. A ce point de vue, l'anglo-catholique est plus proche de la secte protestante la plus extrême, que du catholicisme romain.

La lumière cependant ne devait pas trop se faire attendre: elle jaillirait des faits. L'attitude lamentable, incohérente, contradictoire de l'épiscopat anglican, dans une question morale aussi importante que celle du néomalthusianisme, fit ressortir par constraste l'attitude ferme, courageuse et lumi - neuse de l'Église romaine. Dans cette question, comme dans. celle du divorce, seule Rome parlait clair et maintenait les principes chrétiens. Au problème des races et des gens de couleur, seule, l'Église catholique apportait une solution ferme. Seule encore dans les questions de morale politique et sociale, s'appuyant sur sa tradition et les principes de saint Thomas, elle enseignait une doctrine cohérente et impo- sait une ligne de conduite suivie par ces fidèles. Non moins. éloquentes furent les leçons de la guerre et des événements d'après guerre. Le nationalisme donne des fruits de mort; le socialisme aboutit logiquement au Bolchévisme: son impuis- rance à organiser la société se manifeste dans tous les pays. Dans le chaos des idées, des appétits et des passions, l'Église catholique apparaît comme la seule institution capable d'assu- rer la paix du monde. L'Église romaine en effet est la seule église vraiment internationale. Toutes les autres commu- nautés chrétiennes sont essentiellement nationales. Pour les Églises d'Orient la démonstration a déjà été faite; et l'histoire des dernières années montre le nationalisme les divisant et les opposant toujours davantage les unes aux autres. Malgré ses illusions, longtemps entretenues, le Dr Zacharias dut se convaincre qu'après tout, l'anglicanisme n'est essentiellement que la religion des anglo-saxons, comme l'hindouisme est celle des hindous une religion ethnique. C'est le nationa- lisme qui fut la cause profonde pour laquelle Cantorbéry et Constantinople ne purent s'entendre. Assurément le calvinisme peut jusqu'à un certain point se dire international; mais il rejette l'idée même d'une église visible seule l'Église de Rome est à la fois visible et internationale. En approfon- dissant l'idée de catholicité, il apparaît avec évidence que Rome devait nécessairement condamner le gallicanisme et tout mouvement séparatiste. Le nationalisme est la contra- diction même de l'idée catholique. Soudainement le Dr Zacha- rias comprit que le reproche de fanatisme, lancé par les pro- testants contre l'ultramontanisme, n'est que l'expression de la crainte et de la haine qu'éprouve le nationalisme en face du supranationalisme de Rome. La seule sauvegarde du supra- nationalisme c'est l'ultramontanisme, et, en fait, le seul rem- part du catholicisme, c'est le pape.

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Le problème du primat romain et de l'infaillibilité se reposait donc encore une fois devant lui. La solution vint d'où on devait le moins l'attendre. Poursuivant sa lecture de la Somme théologique, le Dr Zacharias constata que saint Thomas avait soutenu, touchant l'Immaculée Conception, la doctrine condamnée par Pie IX. Quelle aubaine pour un antiromain! Mais non; l'étude des ouvrages modernes le convainquit qu'ici aussi ie pape avait raison. Ainsi chaque fois qu'il y avait eu conflit d'idées, il se trouvait que toujours Rome avait tenu la vraie doctrine! « Pour la première fois, je tressaillis de joie d'être de l'avis du pape, fût-ce contre saint Thomas».

Le problème dès lors se précisait en ces termes: le choix entre l'individualisme protestant et le catholicisme papal: il n'y avait plus d'autre alternative. Or le principe du libre examen est un obstacle au vrai progrès intellectuel. Le progrès suppose la continuité dans l'effort, l'individualisme rend celle-ci impossible. Le Dr Zacharias arriva à cette conclusion par l'observation des faits. Ses études l'avaient familiarisé avec l'idée d'une philosophia perennis, une philosophie, non pas constituée par un génie individuel, et contredite par la génération suivante, mais élaborée corporativement, au cours des siècles, par une lignée de penseurs, dont chacun transmettait fidèlement à ses successeurs les trésors intellec- tuels reçus des ancêtres, intacts, mais enrichis par son labeur personnel. Aucune autre école, pas plus celle des néoplato- niciens que celle de Kant ne peut rivaliser en durée et en stabilité avec la scolastique. Pourquoi? La scolastique a duré, précisément parce qu'elle est l'œuvre collective des générations, sous la direction de l'Église, en prenant pour norme, au moins négative, les vérités garanties par la révélation. La philosophie indépendante ne reconnaît que la raison individuelle, et c'est apparemment la cause de sa faiblesse : aussi, l'histoire montre que la pailosophie indépendante, dans la mesure précise où prévaut l'individualisme, aboutit al morcellement des écoles, au chaos, à l'éternel recommencement.

Le même phénomène se remarque en théologie. En dehors de l'Église, des penseurs individuels ont essayé de bâtir: mais ce que l'un édifie aujourd'hui, au nom de la raison individuelle, l'autre le démolira demain, au nom de cette même raison. Le résultat de l'individualisme ne peut être que la confusion; et l'histoire des variations protestantes le montre avec éloquence. Pour l'individu, vouloir ne pas penser comme l'Église, c'est souhaiter l'erreur et l'anarchie.

Mais alors que devient la liberté de pensée?

Il est manifeste que cette liberté ne peut être illimitée, sinon il est impossible qu'il y ait une philosophie éternelle une theologia perennis. Si dans la construction d'une maison, chaque ouvrier a la liberté de renverser les fondements déjà posés, pour les remplacer par d'autres, il est évident que jamais le bâtiment ne s'achèvera. Ces restrictions à la liberté individuelle rendent-elles impossible toute liberté de discus- sion, étouffent-elles tout effort intellectuel? L'histoire du dogme de l'Immaculée Conception montre le contraire,. la discussion s'étant poursuivie pendant six siècles. Un jour cependant vient où la discussion doit cesser pour permettre de faire un pas en avant, pour rendre possible la construction de l'etage supérieur de l'édifice théologique.

Bien plus, pas de théologia perennis, pas de vrai dévelop- pement in eodem sensu et in eadem sententia, sans une autorité infaillible. Si chaque question peut être indéfiniment réouverte, on piétine sur place, c'est le recommencement perpétuel et le progrès est impossible; si la décision finale n'est pas infaillible, comment le travailleur individuel sera-t-il certain que cette décision répond à la vérité: si elle n'est pas infaillible, aucune question ne peut être considérée comme définitivement close et au-dessus de toute controverse. La notion même d'une théologie éternelle implique donc celle d'infaillibilité. Et voici la contre-épreuve: en fait, il existe une théologia perennis, une seule, la théologie romaine. Or cette théologie se réclame précisément d'une autorité infaillible, celle du pape.

Ainsi j'étais arrivé par déduction à la nécessité logique de l'infaillibilité pontificale; par induction, j'avais découvert déjà que dans les nombreux cas, où cette autorité avait tranché définitivement les débats, toujours sa décision avait été sans erreur; la conclusion finale me semblait irrésistible: l'interprétation vraie des arguments historiques en faveur du primat romain, ne peut être que celle acceptée par l'Église catholique et dont elle a vécu..

Le Dr Zacharias fut reçu dans l'Église catholique le samedi-saint 3 avril 1926, dans la chapelle du Séminaire de Kurseong.

 

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La grande leçon qui se dégage de ce récit, c'est que seule l'Église catholique, possédant la pleine vérité, est capable de donner l'entière satisfaction à notre soif de vérité.

Ces pages suggèrent une méthode d'apologétique, consistant à montrer l'insuffisance de toutes les solutions apportées au problème religieux, en dehors de l'Église. En les examinant une à une, on décèlerait dans chacune d'elles, le mensonge implicite qui s'y cache, et l'on ferait voir que l'inquiétude religieuse, qui est au fond de toute âme humaine qui réfléchit et les exigences déposées en nous par la grâce ne trouveront leur parfaite satisfaction que dans le dogme catholique. Un écrivain de talent, M. Maurice Brillant, esquissait rapidement les grandes lignes de cette méthode. Qu'on nous permette de citer cette page intéressante, en terminant: Prenez l'homme ordinaire, qui n'a pas médité, qui vit sur des principes à lui transmis, sans qu'il s'en soit même douté, ou recueillis tout au hasard, qui trop vite ou trop pressé... a résolu vaille que vaille le problème de sa destinée. Forcez-le à considérer ce choix qu'il faut faire entre diverses façons de concevoir sa vie et par conséquent, de la conduire, ou, si vous le voulez, car, en fait, le problème se simplifie de cette manière,-- entre l'affirmation et la négation, entre le bien et le mal.

Ne laissez pas répondre qu'il se désintéresse de ce choix: car il nous est imposé par la nature elle-même. Montrez-lui que refuser de choisir, c'est déjà choisir et choisir un parti bien déterminé; que la réponse négative est une véritable réponse... que le suicide moral est impossible, car il faut que l'homme veuille quelque chose et du moins qu'il veuille vouloir.

« Ce premier pas est d'une conséquence infinie. Il faut bien accepter de faire quelque effort, de tenter quelque démarche. Mais quelle en sera la direction? Et par quel chemin nous engagerons-nous? Choisissons le plus aisé ou celui qui paraît tel. En commençant par les plus simples et qui exigent moins de notions acquises, examinons successi- vement les réponses diverses qu'ont faites les hommes à cette grande et unique question, elles ne sont pas en nombre infini et se ramènent facilement à quelques types fort clairs. -Essayons mentalement toutes les pratiques, épuisons toutes les solutions. Rien ne pourra nous satisfaire parfaitement, ni mettre une paix définitive en notre intelligence. Vous suivrez l'une après l'autre les avenues de la vie et de la pensée. Il faudra toujours vous arrêter assez vite; car ce sont des impasses. Toutes les autres voies étant ainsi fermées, vous vous convaincrez... qu'une seule subsiste..., la voie du renoncement et de la mort à soi-même; appel intérieur criant que, pour sauver son être, il le faut sacrifier et pour devenir pleinement soi-même, il faut se donner pleinement à ce qui nous dépasse. Car on voudrait vainement rester sur un palier et s'arrêter à des idéale finis; il faat monter encore et Celui à qui on se donne tout entier ne peut être que l'Infini.

* Vous irez plus loin... Vous découvrirez comment et sous quelle forme cet Infini en fait s'est révélé au monde. Et la porte du Christianisme lui sera ouverte. Il le reconnaîtra luimême quand il l'aura entrevu. Par le bienfait de la grâce que nous a apportée le Christ et par une éducation chrétienne dont souvent on n'a pas même conscience, nos exigences spirituelles se sont accrues; nul ne saurait se borner à une sorte de pâle religion naturelle et, pour satisfaire notre faim, il nous faut le Christ lui-même et son Église...

<< La marche que je viens de décrire, longue et faite de mille détours, ou brève et courant presque en ligne droite, convient aux esprits les plus divers, aux intelligences les plus alourdies de savoir, comme aux âmes les plus humbles... La méthode, une en son fond, varie d'ailleurs avec chaque caractère. Certaines perspectives morales ou métaphysiques n'attirent que médiocrement certains esprits, et alors on passe rapidement... Ce n'est rien autre que l'analyse de tout le réel ». E. HOCEDEZ, S. I.

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