Quotes in Tamil

சிருஷ்டிகளை எவ்வளவுக்கு அதிகமாய் நேசிப்போமோ அவ்வளவுக்கும் சர்வேஸ்வரனை அற்பமாய் நேசிப்போம்

- அர்ச். பிலிப்புநேரி

"சிருஷ்டிகளில் நின்று உங்களிருதயத்தை யகற்றி, கடவுளைத் தேடுங்கள். அப்போது அவரைக் காண்பீர்கள்

- அர்ச். தெரேசம்மாள் -

சர்வேஸ்வரனுக்குச் சொந்தமாயிராத அற்ப நரம்பிழை முதலாய் என்னிருதயத்தில் இருப்பதாகக் கண்டால் உடனே அதை அறுத்து எறிந்து போடுவேன்

- அர்ச். பிராஞ்சீஸ்கு சலேசியார்

சனி, 22 பிப்ரவரி, 2025

Une conversion récente aux Indes

 

Une conversion récente aux Indes

L'histoire des conversions est toujours instructive; celle du Dr Zacharias offre un intérêt particulier d'abord à cause de la variété des expériences religieuses par lesquelles l'auteur a passé pendant dix-huit ans il fut successivement athée, agnostique, déiste, franc-maçon, occultiste, védan- tiste; ensuite, et surtout, parce que ce fut précisément l'insuffisance expérimentée des diverses solutions apportées par les différentes sectes au problème religieux, depuis la plus négative jusqu'à la plus élevée, qui amena cette âme, avide de lumière, au catholicisme intégral.

Le lecteur ne trouvera pas dans ces pages, une analyse psychologique raffinée, comme dans les autobiographies d'un Newman, ni des discussions philosophiques subtiles; mais, comme s'exprime l'auteur, l'évolution d'un œil presqu'atrophié, recouvrant graduellement sa capacité native de voir capable d'abord de distinguer seulement quelques rayons, et petit à petit recevant plus de lumière, en proportion directe de sa réceptivité croissante et de sa sensibilité recouvrée aux rayons lumineux..

Histoire extrêmement encourageante pour ceux qui cherchent sincèrement la vérité; très instructive aussi pour les croyants. Cette lente ascension d'une âme vers la vérité totale montrera que la grâce, souvent, ne brûle pas les étapes; elle leur apprendra que, dans l'erreur même, se rencontrent des âmes déjà catholiques de désir qu'il faut traiter, non pas avec un dédain plein de suffisance, mais avec pitié et même avec respect. Aux apologistes elle enseignera à patienter, à ne pas s'étonner des lenteurs, ni s'indigner des retards ou des détours, à ne pas vouloir brusquer les convictions, mais à adapter leurs méthodes aux dispositions présentes de ceux qu'ils veulent éclairer et à régler leurs initiatives sur le mouvement même de la grâce intérieure.

***

Le point de départ de la conversion de M. Zacharias fut le mysticisme hindou et la maçonnerie ésotérique anglaise. En effet, élevé dans le luthéranisme le plus libéral, il ne put défendre ce christianisme atrophié contre les influences des milieux universitaires allemands et dès cette époque il l'abandonna, pour tomber d'abord dans l'athéisme, puis dans l'agnosticisme. Toujours mal satisfait, il s'adonna aux sciences occultes, s'engagea dans la franc-maçonnerie ésotérique, pour devenir enfin védantiste. Ce fut, croyons-nous, lors de son premier séjour aux Indes, en 1919. Ce voyage. lui permit d'admirer les villes célèbres de ce pays merveilleux et lui fournit l'occasion de causer avec Gandhi et bon nombre de dirigeants indiens. A Pouna, où il se fixa, il fit connais- sance avec des Servants of India Society dont le dévouement et l'esprit de sacrifice l'enthousiasmèrent. Gobal Krishna Gokale, en effet, dans le noble but de spiritualiser la vie publique avait créé, en 1905, plus ou moins à l'instar de nos ordres religieux, une association dont les membres doivent consacrer leur vie à la cause du pays dans un esprit religieux. Ils veulent organiser l'éducation politique, après des études approfondies, promouvoir des échanges de relations cordiales et de coopération, aider les classes arriérées... à monter au rang qui leur est dû dans l'Etat”. Cette société publie un journal hebdomadaire très important. M. Zacharias devint coéditeur du journal, prenant comme rubrique spéciale les affaires étrangères. Il fut conquis par l'Inde au point de vouloir vivre à l'indienne, revêtant le dothi et le naghri, mangeant avec les doigts les plats du pays, saluant à la manière hindoue; bref il devint hindou avec les hindous.

L'étude du mysticisme hindou amena naturellement son attention sur le mysticisme chrétien, et ainsi le Christ rentra dans sa vie! Vers la même époque, élevé aux grades supérieurs de la maçonnerie qui exigent une profession de foi trinitaire, malgré les restrictions et les réserves intérieures dont il l'entoura, il prit sa nouvelle dignité très au sérieux. < Bien que pour la plupart le grade de Rose-Crcix > ne signifie pas grand chose, il n'y a pas de doute qu'il me ramena au Christianisme Le résultat de ses études mys- tiques et de ses réflexions fut qu'insensiblement il se convainquit que le christianisme mérite une sérieuse attention. << Graduellement cette conclusion s'imposa à moi d'une façon irrésistible: si, après tout, le christianisme possède tant de richesses, il serait illogique de ne pas en tenter une expérience loyale, pour découvrir si peut-être mes désirs et mes vagues aspirations ne trouveraient pas leur satisfaction dans ce même christianisme auquel j'appartenais par naissance, mais que j'avais méprisé jusque-là, avec l'orgueil d'un ésotérique, comme bon seulement pour le vulgaire >.

Certes Zacharias ne croyait pas encore à la vérité du christianisme; mais il se persuada que la véritable attitude scientifique consistait à suspendre son jugement et à expéri- menter la vérité des doctrines, en agissant comme si elles étaient vraies. Du catholicisme il ne pouvait être question en ce moment, étant trop en dehors du cercle des préoccupations d'un anglo-saxon; il se tourna donc vers l'Église d'Angleterre. Pour commencer son expérimentation, il crut que la première démarche à faire était d'assister à l'office du dimanche. Après tout, ce n'était pas très compromettant, et c'était une façon de passer sa soirée aussi respectable que d'aller an elub. Graduellement son assistance aux services divins devint plus assidue. Bientôt il crut que la sincérité de l'expérience qu'il tentait, exigeait qu'il s'efforçât de mettre sa conduite morale en harmonie avec les préceptes chrétiens. Le succès de ses premiers efforts pour conquérir la maîtrise de soi l'encouragea et lui inspira le désir de supprimer, l'un après l'autre, les gros péchés qui alourdissaient sa conscience. Jusqu'ici il n'avait même pas songé à la grâce; il ne faisait qu'une expérience scientifique. Mais il se heurta bien vite à un obstacle insurmontable: un péché tellement incrusté en lui, par une habitude de vingt-cinq ans de faiblesse, et devenu comme une partie intégrante de lui-même, qu'il n'y avait pas d'espoir de pouvoir s'en débarrasser. Son désir de libération s'en exaspéra; et dans son impuissance désespérante il se jeta dans le bras de la miséricorde du Christ. Il fit sa première communion et dès ce jour il sentit son âme libre.

Un voyage en Terre sainte l'impressionna vivement. Pour la première fois les scènes évangéliques devinrent des réalités pour lui, non seulement des réalités d'un passé depuis longtemps disparu, mais des réalités vivantes et présentes. Au saint Sépulcre, il pria en versant des larmes.

Il avait habité jadis Londres, alors qu'il était agnostique. Son retour dans la capitale fut un vrai voyage de découvertes: il trouva le Londres des églises. Une visite dans le principal temple Low Church le mit en fuite; maisil se sentit vivement attiré par l'église All Saints, l'une des plus << High Church de Londres. Il fut immédiatement conquis non seulement par l'exquise beauté de l'édifice, la splendeur imposante des cérémonies, le sermon pieux du vicar»; mais surtout par l'atmosphère de dévotion catholique et de prière eucharistique. Il devint un paroissien enthousiaste.

Le vicar le mit en relation avec les moines de l'abbaye de Caldey, six mois avant que ceux-ci fissent leur soumis- sion à Rome. Ce premier contact avec la vie bénédictine le transporta au point que la vie du monde extérieur lui parut un chaos d'anarchie et de folie. Sa première entrevue avee l'abbé cependant lai donna un rude choc. Dès l'abord, celui- ci lui demanda pourquoi il ne songeait pas à se faire catho- lique, au lieu de s'inquiéter des sectes anglicanes! Et sans préambules, comme une chose qui va de soi, il proposa de se confesser!

La retraite que le Dr Zacharias fit sous la direction des moines, marque un moment désisif dans sa vie. Il prit connaissance de la littérature catholique de dévotion, qu'il apprit à apprécier plus que les livres protestants; il se forma aux habitudes de la piété distinctement catholique, comme la récitation des heures canoniales qui le charmèrent. Mais le résultat principal de ces jours de solitude, fut de lui inspirer un vif sentiment de la gravité du péché aussi tit-il une confession générale avec une profonde contrition et de ce jour la pratique de la confession fréquente devint une partie intégrante de sa vie religieuse. En quittant l'Angleterre Zacharias était done catholique de pratique et de dévotion; intellectuellement un long chemin lui restait à parcourir.

 

***

Revenu aux Indes, il reçut la confirmation, et se posa en paroissien fervent et en anglo-catholique convaincu. Une conséquence bien inattendue de sa vie religieuse intense fut d'éveiller en Ini une antipathie croissante contre la franc-maçonnerie. Certes, la maçonnerie anglaise n'a rien d'anticlérical; elle compte bon nombre de clergymen > anglicans dans ses rangs; et néanmoins elle lui apparut comme incompatible avec son progrès spirituel il fallait donc se séparer de cette association à laquelle un long passé le rattachait; la décision fut pénible; mais il donna sa démission.

Vers la même époque se place un événement considérable: il fit connaissance avec la philosophie catholique, dont l'étude devait transformer son intelligence, la libérer des ( restes latents d'agnosticisme et d'idéalisme, et, à son insa, lui donner une mentalité catholique. Le livre qui l'introduįsit dans ce monde nouveau fut le manuel de philosophie du P. Maher, S. 1. Pour un esprit indiscipliné comme le sien, cette lecture ne fut pas une entreprise aisée; mais ses efforts acharnés furent largement récompensés: elle fut pour lui une véritable révélation. Pour la première fois le Dr Zacharias, comprit que la philosophie n'est pas un vain amusement de l'esprit ou un simple jen de dialectique, mais un essai loyal et sérieux d'expliquer le monde et de résoudre les grands problèmes qui intéressent tout l'homme. La puissance et l'harmonie de la synthèse thomiste, sa solidité et sa elarté lui procurèrent le plein repos de l'esprit Ayant marché à tâtons, pendant toute ma vie dans le brouillard intellectuel du matérialisme et de l'idéalisme, je me trouvai tout à coup marchant en pleine lumière dans un paysage de beauté exquise et plein de vie... Je sentis que le réalisme catholique avait non seulement procuré ma délivrance du cauchemar de vivre dans le chaos, mais m'avait rendu la faculté de la raison elle-même >.

Quelle que fut la ferveur de sa vie et son attachement à l'anglicanisme, il ne pouvait échapper au problème qui nécessairement se pose à tout anglo-catholique, du fait même de ses aspirations catholiques et de sa séparation d'avec l'Église romaine. Quelle est la position de l'anglo-catholicisme en face du reste de la chrétienté? Une étude sérieuse, tant des livres anglicans que catholiques, lui laissà la conviction que les preuves historiques sont impuissantes à trancher définitivement la question de l'infaillibilité; mais la raison lui parut démontrer que l'existence d'une autorité humaine infaillible devait nécessairement arrêter toute recherche de la vérité et partant tout progrès intellectuel. Logiquement Zacharias rejeta toute infaillibilité, y compris celle de la Bible. Aucune Église donc ne jouit de l'inerrance, même corporativement; aucune n'est complètement exempte d'erreurs. Mais l'Église est indéfectible: aucune vérité ne disparaîtra complètement; chaque dogme peut être nié par un nombre plus ou moins grand de sectes; mais il se trouvera toujours an moins une communauté chrétienne pour le sauver de l'oubli, Dieu ne permettant pas le triomphe définitif de l'erreur. Dès lors l' Église catholique » n'est en réalité qu'une aspiration, elle n'est pas une réalité existante. Cette théorie, qui lui sembla plus satisfaisante que la thèse anglicane des églises branches, écartait la nécessité de changer de confession ou de songer même à s'unir à Rome. D'ailleurs une erreur, une grande erreur, peut-être la seule, entachait le catholicisme romain: le papisme est une hérésie manifeste. Il ne put cependant s'empêcher de reconnaître la vitalité merveilleuse de cette Église. La révision du Bréviaire et la codification du Droit canonique, décrétées par Pie X, étaient manifestement des progrès considérables, progrès qu'aucune autre église, par défaut d'autorité, n'aurait été capable de réaliser. Le succès des réformes pontificales contrastait péniblement avec l'impuis- sance des autres communautés, et néanmoins, fasciné par le prestige des anciennes Églises orientales, il sympathisait avec cette fraction des anglo-catholiques, qui, abandonnant l'idée d'une réunion avec Rome, rêvaient plutôt d'un rapprochement avec Constantinople.

* * *

Depuis son retour aux Indes sa ferveur ne s'était pas démentie; il était un prosélyte ardent et convaincu de l'anglo- catholicisme. Cet enthousiasme se refroidit à l'occasion d'un voyage à travers l'Inde, qui élargit son horizon, jusque-là limité à son petit milieu de province. Parcourant le pays, de Rangoon à Delhi, et du Penjab au Travancore, Zacharias put se rendre compte du peu de place qu'occupe dans le monde cet anglo-catholicisme auquel il s'était attaché; il lui apparut comme un facteur négligeable, même dans la grande activité missionnaire des protestante.

Ce même voyage ébranla aussi son admiration pour les Églises orientales. Reçu, quoiqu'Anglican, dans la communion de la vieille Église jacobite du Malabar, enseignant et étudiant dans ses monastères et ses séminaires pendant un an, il put connaître par expérience directe la vie intime de cette antique communauté. L'enthousiasme du début se calma rapidement; les faits observés le forcèrent, malgré lui, à reconnaître qu'une église repliée sur elle-même est inexorablement condamnée à la stagnation. Quel contracte aussi entre les rites rudimentaires et comme pétrifiés des Jacobites et la liturgie vivante des Syriaques romains, leurs voisins: cependant celle- ci n'est pas moins syriaque pour être romaine, ni moins ancienne pour être intensément moderne. Assurément l'Église jacobite n'est pas entachée d'Érastianisme, comme les Églises orthodoxes d'Europe; mais il est évident que, pour une église autocéphale, il n'y a pas d'autre alternative possible: ou bien une succession de luttes intestines entre les fractions rivales de la communauté, ou bien l'autocratie d'un patriarche, faillible en fait comme en droit, et néanmoins regardé comme l'unique gardien de toute vérité et de tout pouvoir. Sa première expérience était donc nettement défavorable aux Eglises orientales. Le prestige de la grande Église de Constan- tinople, qui restait toujours sa norme, allait bientôt être ébranlé à son tour. La lecture de la Somme Théologique de saint Thomas convainquit le Dr Zacharias que cette Église avait erré dans la question du Filioque; et les intrigues louches des Églises orientales, cherchant un rapprochement avec les Anglicans, dans le seul but d'obtenir un soutien politique, lui firent comprendre jusqu'à quel point ces Eglises sont infectées d'Érastianisme et de nationalisme. Décidément il n'y avait rien à attendre de l'Orient.


* * *

Jusque-là cependant ni ses déconvenues, ni ses études de théologie et de philosophie scolastiques n'avaient diminué sa conviction que la doctrine romaine sur le primat et l'infailli- bilité pontificale était une monstrueuse erreur. Pour la première fois les conversations de Malines et certaines déclarations de Lord Halifax excitèrent le désir de comprendre exactement la portée et la signification du dogme défini an concile du Vatican. Du jour où il l'examina de sang-froid et sans pré- jugés, toutes les difficultés s'évanouirent les unes après les autres. Ébranlé, mais non convaincu de la nécessité de se soumettre au pape, il résolut de suspendre son jugement et d'observer attentivement les faits. C'était déjà un grand pas.

Pour un catholique de naissance, il peut paraître étrange et même incompréhensible, qu'un homme, admettant tous les dogmes catholiques, se refuse à la démarche suprême. Mais il ne faut pas se faire illusion: un abîme sépare le catholi- cisme de toutes les sectes issues du protestantisme. Quels que soient les points de rapprochement, la divergence porte sur l'attitude fondamentale de l'esprit, sur le principe même de l'individualisme. A ce point de vue, l'anglo-catholique est plus proche de la secte protestante la plus extrême, que du catholicisme romain.

La lumière cependant ne devait pas trop se faire attendre: elle jaillirait des faits. L'attitude lamentable, incohérente, contradictoire de l'épiscopat anglican, dans une question morale aussi importante que celle du néomalthusianisme, fit ressortir par constraste l'attitude ferme, courageuse et lumi - neuse de l'Église romaine. Dans cette question, comme dans. celle du divorce, seule Rome parlait clair et maintenait les principes chrétiens. Au problème des races et des gens de couleur, seule, l'Église catholique apportait une solution ferme. Seule encore dans les questions de morale politique et sociale, s'appuyant sur sa tradition et les principes de saint Thomas, elle enseignait une doctrine cohérente et impo- sait une ligne de conduite suivie par ces fidèles. Non moins. éloquentes furent les leçons de la guerre et des événements d'après guerre. Le nationalisme donne des fruits de mort; le socialisme aboutit logiquement au Bolchévisme: son impuis- rance à organiser la société se manifeste dans tous les pays. Dans le chaos des idées, des appétits et des passions, l'Église catholique apparaît comme la seule institution capable d'assu- rer la paix du monde. L'Église romaine en effet est la seule église vraiment internationale. Toutes les autres commu- nautés chrétiennes sont essentiellement nationales. Pour les Églises d'Orient la démonstration a déjà été faite; et l'histoire des dernières années montre le nationalisme les divisant et les opposant toujours davantage les unes aux autres. Malgré ses illusions, longtemps entretenues, le Dr Zacharias dut se convaincre qu'après tout, l'anglicanisme n'est essentiellement que la religion des anglo-saxons, comme l'hindouisme est celle des hindous une religion ethnique. C'est le nationa- lisme qui fut la cause profonde pour laquelle Cantorbéry et Constantinople ne purent s'entendre. Assurément le calvinisme peut jusqu'à un certain point se dire international; mais il rejette l'idée même d'une église visible seule l'Église de Rome est à la fois visible et internationale. En approfon- dissant l'idée de catholicité, il apparaît avec évidence que Rome devait nécessairement condamner le gallicanisme et tout mouvement séparatiste. Le nationalisme est la contra- diction même de l'idée catholique. Soudainement le Dr Zacha- rias comprit que le reproche de fanatisme, lancé par les pro- testants contre l'ultramontanisme, n'est que l'expression de la crainte et de la haine qu'éprouve le nationalisme en face du supranationalisme de Rome. La seule sauvegarde du supra- nationalisme c'est l'ultramontanisme, et, en fait, le seul rem- part du catholicisme, c'est le pape.

**

Le problème du primat romain et de l'infaillibilité se reposait donc encore une fois devant lui. La solution vint d'où on devait le moins l'attendre. Poursuivant sa lecture de la Somme théologique, le Dr Zacharias constata que saint Thomas avait soutenu, touchant l'Immaculée Conception, la doctrine condamnée par Pie IX. Quelle aubaine pour un antiromain! Mais non; l'étude des ouvrages modernes le convainquit qu'ici aussi ie pape avait raison. Ainsi chaque fois qu'il y avait eu conflit d'idées, il se trouvait que toujours Rome avait tenu la vraie doctrine! « Pour la première fois, je tressaillis de joie d'être de l'avis du pape, fût-ce contre saint Thomas».

Le problème dès lors se précisait en ces termes: le choix entre l'individualisme protestant et le catholicisme papal: il n'y avait plus d'autre alternative. Or le principe du libre examen est un obstacle au vrai progrès intellectuel. Le progrès suppose la continuité dans l'effort, l'individualisme rend celle-ci impossible. Le Dr Zacharias arriva à cette conclusion par l'observation des faits. Ses études l'avaient familiarisé avec l'idée d'une philosophia perennis, une philosophie, non pas constituée par un génie individuel, et contredite par la génération suivante, mais élaborée corporativement, au cours des siècles, par une lignée de penseurs, dont chacun transmettait fidèlement à ses successeurs les trésors intellec- tuels reçus des ancêtres, intacts, mais enrichis par son labeur personnel. Aucune autre école, pas plus celle des néoplato- niciens que celle de Kant ne peut rivaliser en durée et en stabilité avec la scolastique. Pourquoi? La scolastique a duré, précisément parce qu'elle est l'œuvre collective des générations, sous la direction de l'Église, en prenant pour norme, au moins négative, les vérités garanties par la révélation. La philosophie indépendante ne reconnaît que la raison individuelle, et c'est apparemment la cause de sa faiblesse : aussi, l'histoire montre que la pailosophie indépendante, dans la mesure précise où prévaut l'individualisme, aboutit al morcellement des écoles, au chaos, à l'éternel recommencement.

Le même phénomène se remarque en théologie. En dehors de l'Église, des penseurs individuels ont essayé de bâtir: mais ce que l'un édifie aujourd'hui, au nom de la raison individuelle, l'autre le démolira demain, au nom de cette même raison. Le résultat de l'individualisme ne peut être que la confusion; et l'histoire des variations protestantes le montre avec éloquence. Pour l'individu, vouloir ne pas penser comme l'Église, c'est souhaiter l'erreur et l'anarchie.

Mais alors que devient la liberté de pensée?

Il est manifeste que cette liberté ne peut être illimitée, sinon il est impossible qu'il y ait une philosophie éternelle une theologia perennis. Si dans la construction d'une maison, chaque ouvrier a la liberté de renverser les fondements déjà posés, pour les remplacer par d'autres, il est évident que jamais le bâtiment ne s'achèvera. Ces restrictions à la liberté individuelle rendent-elles impossible toute liberté de discus- sion, étouffent-elles tout effort intellectuel? L'histoire du dogme de l'Immaculée Conception montre le contraire,. la discussion s'étant poursuivie pendant six siècles. Un jour cependant vient où la discussion doit cesser pour permettre de faire un pas en avant, pour rendre possible la construction de l'etage supérieur de l'édifice théologique.

Bien plus, pas de théologia perennis, pas de vrai dévelop- pement in eodem sensu et in eadem sententia, sans une autorité infaillible. Si chaque question peut être indéfiniment réouverte, on piétine sur place, c'est le recommencement perpétuel et le progrès est impossible; si la décision finale n'est pas infaillible, comment le travailleur individuel sera-t-il certain que cette décision répond à la vérité: si elle n'est pas infaillible, aucune question ne peut être considérée comme définitivement close et au-dessus de toute controverse. La notion même d'une théologie éternelle implique donc celle d'infaillibilité. Et voici la contre-épreuve: en fait, il existe une théologia perennis, une seule, la théologie romaine. Or cette théologie se réclame précisément d'une autorité infaillible, celle du pape.

Ainsi j'étais arrivé par déduction à la nécessité logique de l'infaillibilité pontificale; par induction, j'avais découvert déjà que dans les nombreux cas, où cette autorité avait tranché définitivement les débats, toujours sa décision avait été sans erreur; la conclusion finale me semblait irrésistible: l'interprétation vraie des arguments historiques en faveur du primat romain, ne peut être que celle acceptée par l'Église catholique et dont elle a vécu..

Le Dr Zacharias fut reçu dans l'Église catholique le samedi-saint 3 avril 1926, dans la chapelle du Séminaire de Kurseong.

 

***

La grande leçon qui se dégage de ce récit, c'est que seule l'Église catholique, possédant la pleine vérité, est capable de donner l'entière satisfaction à notre soif de vérité.

Ces pages suggèrent une méthode d'apologétique, consistant à montrer l'insuffisance de toutes les solutions apportées au problème religieux, en dehors de l'Église. En les examinant une à une, on décèlerait dans chacune d'elles, le mensonge implicite qui s'y cache, et l'on ferait voir que l'inquiétude religieuse, qui est au fond de toute âme humaine qui réfléchit et les exigences déposées en nous par la grâce ne trouveront leur parfaite satisfaction que dans le dogme catholique. Un écrivain de talent, M. Maurice Brillant, esquissait rapidement les grandes lignes de cette méthode. Qu'on nous permette de citer cette page intéressante, en terminant: Prenez l'homme ordinaire, qui n'a pas médité, qui vit sur des principes à lui transmis, sans qu'il s'en soit même douté, ou recueillis tout au hasard, qui trop vite ou trop pressé... a résolu vaille que vaille le problème de sa destinée. Forcez-le à considérer ce choix qu'il faut faire entre diverses façons de concevoir sa vie et par conséquent, de la conduire, ou, si vous le voulez, car, en fait, le problème se simplifie de cette manière,-- entre l'affirmation et la négation, entre le bien et le mal.

Ne laissez pas répondre qu'il se désintéresse de ce choix: car il nous est imposé par la nature elle-même. Montrez-lui que refuser de choisir, c'est déjà choisir et choisir un parti bien déterminé; que la réponse négative est une véritable réponse... que le suicide moral est impossible, car il faut que l'homme veuille quelque chose et du moins qu'il veuille vouloir.

« Ce premier pas est d'une conséquence infinie. Il faut bien accepter de faire quelque effort, de tenter quelque démarche. Mais quelle en sera la direction? Et par quel chemin nous engagerons-nous? Choisissons le plus aisé ou celui qui paraît tel. En commençant par les plus simples et qui exigent moins de notions acquises, examinons successi- vement les réponses diverses qu'ont faites les hommes à cette grande et unique question, elles ne sont pas en nombre infini et se ramènent facilement à quelques types fort clairs. -Essayons mentalement toutes les pratiques, épuisons toutes les solutions. Rien ne pourra nous satisfaire parfaitement, ni mettre une paix définitive en notre intelligence. Vous suivrez l'une après l'autre les avenues de la vie et de la pensée. Il faudra toujours vous arrêter assez vite; car ce sont des impasses. Toutes les autres voies étant ainsi fermées, vous vous convaincrez... qu'une seule subsiste..., la voie du renoncement et de la mort à soi-même; appel intérieur criant que, pour sauver son être, il le faut sacrifier et pour devenir pleinement soi-même, il faut se donner pleinement à ce qui nous dépasse. Car on voudrait vainement rester sur un palier et s'arrêter à des idéale finis; il faat monter encore et Celui à qui on se donne tout entier ne peut être que l'Infini.

* Vous irez plus loin... Vous découvrirez comment et sous quelle forme cet Infini en fait s'est révélé au monde. Et la porte du Christianisme lui sera ouverte. Il le reconnaîtra luimême quand il l'aura entrevu. Par le bienfait de la grâce que nous a apportée le Christ et par une éducation chrétienne dont souvent on n'a pas même conscience, nos exigences spirituelles se sont accrues; nul ne saurait se borner à une sorte de pâle religion naturelle et, pour satisfaire notre faim, il nous faut le Christ lui-même et son Église...

<< La marche que je viens de décrire, longue et faite de mille détours, ou brève et courant presque en ligne droite, convient aux esprits les plus divers, aux intelligences les plus alourdies de savoir, comme aux âmes les plus humbles... La méthode, une en son fond, varie d'ailleurs avec chaque caractère. Certaines perspectives morales ou métaphysiques n'attirent que médiocrement certains esprits, et alors on passe rapidement... Ce n'est rien autre que l'analyse de tout le réel ». E. HOCEDEZ, S. I.

LE DÉSIR DE VOIR DIEU ET LA MÉTAPHYSIQUE DU VOULOIR SELON SAINT THOMAS

 

LE DÉSIR DE VOIR DIEU ET LA MÉTAPHYSIQUE DU VOULOIR SELON SAINT THOMAS

(suite)

Notre intention, dans cet article, n'est pas d'apporter une nouvelle interprétation de la pensée de saint Thomas, qui s'ajouterait à celles que nous venons de passer en revue; ni non plus de reprendre l'exégèse des textes, sur lesquels tout semble vraiment avoir été dit. Mais peut-être serait-il possible de mieux comprendre la pensée du saint Docteur au sujet du désir naturel de voir Dieu en partant de la psychclogie du vouloir humain, telle qu'elle dérive des principes généraux de sa métaphysique. C'est ce que nous voudrions essayer de faire.

L'exercice délibéré du vouloir, tel que le révèle l'expérience psychologique, est essentiellement l'adhésion de la volonté à un objet particulier, à un bien concret, à une forme de per- fection déterminée. Cette adhésion, selon saint Thomas (1-2, 1, 6) implique nécessairement, comme condition rationnelle, le vouloir de son objet en vue d'une fin dernière. Tout exercice du vouloir requiert toujours l'intention d'une fin, c'est-à-dire d'un objet voulu absolument, pour lui-même; car telle est bien la signification de la fin en tant qu'elle se distingue du moyen: elle exprime ce qui n'est pas voulu pour autre chose que soi, non propter aliud sed propter se, et pour quoi tout le reste est voulu. La fin au sens propre et plénier c'est donc la fin dernière, car elle seule est vouluc uniquement pour elle-même. Ainsi la fin est vraiment ce qui termine l'excrcice du vouloir, aussi bien l'intention que l'exécution, d'une manière absolue.

La volonté, pour saint Thomas (1-2, 1, 1; 8, 2-4), est essen- tiellement et d'abord la faculté de la fin voluntas proprie est ipsius finis; et elle ne tend au moyen que ratione finis et propter finem. Sans doute, dit-il encore, la volonté, considérée comme puissance, est la faculté du bien, de tout bien; mais considérée en tant qu'acte, c'est-à-dire selon son exercice, elle est proprement faculté de la fin: Si loquamur de voluntate secundum quod nominat potentiam, sic se extendit et ad finem et ad ea quae sunt ad finem... Si autem loquamur de voluntate secundum quod nominat actum, sic, proprie loquendo, est finis tantum (1-2, 8, 2, с.).

Cette fin impliquée dans tout exercice délibéré du vouloir est nécessairement aussi une fin concrète, dont l'objet voulu est l'inchoatio (1-2, 1, 6); car le bien abstrait, comme tel, n'a aucun attrait pour la volonté, le bien, au sens propre, étant unique- ment celui qui existe ou peut exister. Cela veut dire que, à l'origine de l'activité volontaire de l'être raisonnable, il y a toujours une option, portant sur un bien concret ayant pour lui valeur de bien total; une forme concrète de perfection dernière, dont l'homme veut faire le but de sa vie; et à laquelle il rapporte toute son action. fître capable d'agir humainement, c'est donc être capable de fixer à sa vie un but dernier concret, et d'y ordonner toute son activité.

Et cette intention d'une fin dernière librement adoptée par le sujet voulant comme l'expression concrète de ce qu'il veut être, et de ce qu'il juge être pour lui le bien total, informe et unifie activement, au moins d'une manière virtuelle, toute sa conduite (1-2, 1, 2; 6, ad 3). C'est ainsi qu'en chacun de ses actes l'homme engage vraiment sa destinée dernière.

De plus, l'acte du vouloir délibéré, adhésion à une forme particulière de bien voulue pour une fin dernière concrète, implique encore, selon saint Thomas, un vouloir naturel et abstrait, qui est l'acte premier de l'exercice du vouloir, et dont le vouloir délibéré est l'acte second c'est le vouloir de la fin dernière, de la béatitude, selon ses conditions générales et abstraites, in communi, qui, en tant que vouloir naturel, se retrouve le même en tout acte volontaire et chez tous les hommes (1-2, 1, 7 et 8).

Ce vouloir de la perfection et de la béatitude in communi entre, à la façon d'un principe subjectif formel, dans la consti- tution même de l'acte volontaire délibéré. Il en est comme la forme a priori, s'il est permis d'employer ce vocable si peu scolastique pour désigner un principe de l'acte volontaire qui n'a rien de kantien c'est-à-dire que l'activité volontaire délibérée s'exerce suivant une forme structurale préformée pour ainsi dire dans la volonté. C'est comine la formule schéma- tique de l'acte volontaire, naturellement inscrite dans la faculté qui doit exercer cet acte; formule abstraite, dessinant son objet suivant ses traits essentiels, ses conditions constitutives formelles; et qui s'applique à une matière concrète, selon les conditions d'exercice du vouloir libre, pour constituer l'acte second de l'activité volontaire. Cet acte second de la volonté est donc une synthèse de l'acte premier et d'une matière, l'un informant l'autre, et d'où résulte l'acte délibéré du vouloir.

Ce vouloir de la béatitude in communi, qui constitue l'acte premier de la volonté, bien que n'étant par lui-même qu'un élément, qu'un principe constitutif, de l'acte volontaire délibéré, est cependant un véritable acte, un véritable exercice du vouloir, mais incomplet, inchoatif. C'est une détermination de la volonté impliquant, comme toute détermination volontaire, un principe de spécification de l'ordre de la connaissance, c'est-à-dire une connaissance de l'objet voulu. L'acte premier de la volonté requiert donc, comme condition constitutive nécessaire, une certaine connaissance de la fin dernière; connaissance abstraite, sans doute, suivant les conditions générales de son objet, purement formelle, indépendante de tout objet particulier, de toute forme concrète de perfection, de toute matière, en un mot.

De plus, cet acte premier du vouloir, à la différence de l'acte second, est, selon saint Thomas, un acte naturel, et par consé- quent nécessaire; dans lequel donc la liberté n'a aucune part. Il implique dès lors aussi, en tant qu'acte naturel, une connais- sance naturelle, c'est-à-dire innée, de son objet. Cette con- naissance naturelle, analogue selon saint Thomas à celle des premiers principes de l'ordre spéculatif, est immanente à la raison pratique sous la forme d'un habitus inné, l'habitus primorum principiorum ordinis practici, que les scolastiques ont appelé la synderesis: c'est la connaissance naturelle des con- ditions nécessaires, a priori, mais abstraites et formelles, de la perfection et de la fin dernière de l'homme: In ratione hominis insunt naturaliter quaedam principia naturaliter cognita, tam scibilium quam agendorum... in quantum inest in voluntate quidam naturalis appetitus boni quod est secundum rationem (1-2, 63, 1, c.; cfr 2, d. 39, 2, 2, ad 2; et ibid. 1, c.).

 

Cette analyse rationnelle des conditions a priori de l'acte délibéré du vouloir, qui nous a fait distinguer dans celui-ci, avec saint Thomas, un acte premier et un acte second, n'atteint cependant pas encore la racine dernière de l'activité volontaire. L'acte premier de la volonté, en effet, en tant qu'il constitue un acte de vouloir naturellement déterminé, implique, outre ce principe de détermination qu'est la connaissance naturelle de la fin dernière dont nous venons de parler, un principe déterminable, auquel s'applique cette détermination. Ce principe déterminable, c'est une motion préalable au bien, non consécutive à une connaissance, et qui n'est pas autre chose que la volonté elle-même en tant que puissance, la virtus volendi.

La volonté en tant que puissance, selon saint Thomas, n'est pas un acte de vouloir, mais une motion reçue, indépendante de toute connaissance subjective; c'est une motion au bien et à la béatitude, sans aucune détermination particulière, et que détermineront successivement l'acte premier et l'acte second de la volonté. Motion produite immédiatement par Dieu dans la nature de l'homme, comme l'inclination naturelle qui se retrouve dans tous les êtres (1-2, 9, 6, с.; Ма, 6; etc.), et par laquelle la nature humaine est inclinée à son bien et à sa per- fection d'une manière tout à fait générale et indéterminée. C'est cette motion divine qui constitue la volonté en tant que faculté du bien humain en général.

Tels sont, suivant saint Thomas, les divers principes consti- tutifs de la détermination volontaire délibérée.

Après avoir démonté, pour ainsi dire, l'acte délibéré du vouloir suivant ses parties constitutives, nous pouvons chercher maintenant à en reconstruire rationnellement le mécanisme, afin de faire apparaître le rôle propre de chacune de ces parties dans l'agencement général de la détermination volontaire.

La virtus volendi, la motion au bien, qui en est l'origine, n'est pas autre chose que l'expression générale et indéterminée de la tendance nécessaire de la nature humaine à sa perfection, qui définit la volonté comme puissance. Cette tendance elle- même ne fait que traduire dans la nature humaine l'adhésion nécessaire de tout être à ce qui le fait lui-même, à sa forme, à tout ce qui est de sa forme et à la plénitude de celle-ci, et qui l'incline nécessairement à chercher sa perfection quand il ne la possède pas: quamlibet formam, répète souvent saint Thomas, sequitur inclinatio in perfectionem formae (cfr: 3 C. G. 50.; Cp. 113). Cette inclination innée, imprimée par Dieu en toute nature, et qui est le principe directeur de l'activité de celle-ci, se trouve, dans les êtres inférieurs, entièrement déterminée; mais dans l'homme elle n'existe que sous la forme d'une motion au bien in communi, parce quela nature de l'homme exige qu'il se détermine lui-même in particulari à ce qu'il juge être son hien (1, 80, 1, c.).

Cette détermination, cette actuation de la volonté, se réalise pour l'homme en deux moments, qui sont l'acte premier et l'acte second de l'exercice du vouloir.

Il est facile de se rendre compte de la raison d'être de ce double acte que comporte l'exercice de la volonté humaine. Si l'homme possédait naturellement sa perfection dernière, il pourrait y adhérer immédiatement par un acte, où sa volonté trouverait la totalité de son objet. Mais telle n'est pas la con- dition de la nature humaine, qui par elle-même ne possède pas la totalité des déterminations par lesquelles l'homme est constitué parfait selon sa forme, mais sculement ses déter- minations essentielles, par lesquelles il est homo simpliciter (1, 5, 1, ad 1) (1). Naturellement, l'homrue ne possède donc que inchoativement sa perfection totale et dernière. Mais cette inchoatio, comme tout acte imparfait, est ordonnée néces- sairement à son achèvement et à sa plénitude. L'acte premier du vouloir traduit précisément cette ordination de la nature humaine, en tant qu'imparfaite, à sa perfection totale, sous la forme d'un vouloir nécessaire de la fin dernière. Ce vouloir premier détermine done la motion innée vers la perfection humaine en général qui constitue la virtus volendi, en l'orientant vers la forme de perfection dernière dont la nature humaine est l'inchoatio, exprimant ainsi l'exigence d'achèvement de celle-ci. C'est donc l'acte premier de la volonté, le vouloir naturel, et non la virtus volendi, la volonté en tant que puissance, qui est l'expression directe de la finalité de la nature humaine, et aussi le principe directeur normal de l'activité délibérée de l'homme.

Cette détermination première se réalise par l'intermédiaire d'un objet formel, qui est la forine abstraite de la fin dernière, naturellement présente à la conscience et aussi naturellement voulue suivant ses conditions a priori. C'est cette connaissance habituclle de la fin dernière suivant ses exigences essentielles, qui est le principe spécificateur du vouloir premier. Mais comme elle n'exprime la fin dernière que suivant ses conditions abstraites et formelles, telles qu'elles sont préfigurées dans la nature même de l'homme, ce vouloir naturel reste encore abstrait et indéterminé, c'est-à-dire qu'il n'implique, de soi, aucune matière, aucune forme concrète de bien et de perfection. Cette indétermination n'est cependant déjà plus celle de la motion au bien, car le vouloir naturel a déjà déterminé celle-ci d'une certaine manière, en l'ordonnant à la perfection dernière que l'homme exige naturellement de réaliser, à sa béatitude naturelle, en un mot. Car, il importe de ne pas le perdre de vue, cette perfection dernière qui finalise naturellement la volonté c'est essentiellement celle dont la nature, prise suivant ses conditions spécifiques, est l'inchoatio. Comme le note saint Thomas: rahil potest oridinari in aliquem finem nisi praeexistat in ipso quaedam proportio ad finem, ex qua proveniat in ipso desiderium finis; et hoc est secundum quod aliqua inchoatio finis fit in ipso: quia nihil appetit nisi in quantum appetit aliquam illius similitu- dinem. Et inde est quod in ipsa natura humana est quaedam inchoatio ipsius boni quod est naturae proportionatum. (Ver. 14, 2).

La fin dernière, objet de l'acte premier du vouloir, et connue naturellement par l'homme, c'est donc celle que celui-ci peut réaliser par ses capacités actives naturelles, par l'exercice naturel des puissances opératives de sa nature. Ainsi le vouloir naturel traduit sous une forme abstraite l'aspiration de la nature humaine à sa fin dernière, c'est-à-dire à ce degré de perfection totale qu'elle peut réaliser, et qu'elle exige d'obtenir et de posséder, pour atteindre à cette quietatio appetitus qui constitue la béatitude appropriée à la condition naturelle de l'homme.

Telle est la nature de l'acte premier du vouloir: il est essen- tiellement une première détermination, naturelle et nécessaire, de la virtus volendi, exprimant, selon ses conditions abstraites et formelles, la perfection dernière que la nature humaine, prise absolument, exige de réaliser pour être pleinement ce qu'elle doit être.

C'est cette détermination naturelle qui est le principe de tous les vouloirs en acte second. Ceux-ci ne font que la mon- nayer, si l'on peut dire, que la détailler, en lui donnant un contenu concret Quidquid vult homo, dit saint Thomas vult propter finem ultimum (1-2, 1, 6; 1, 60, 2, c.). Dans tout l'exercice de son activité volontaire, l'homme ne cherche qu'à équilibrer, par ses vouloirs délibérés, le mouvement interne, le dynamisme de son vouloir naturel.

La volonté humaine aborde donc tout objet particulier avec cette intention première nécessaire de sa perfection dernière, qu'elle veut nécessairement et toujours, jusque dans son adhésion à l'objet moralement mauvais qui l'en détourne (1). Telle est bien la pensée de saint Thomas (1, 60, 5, ad 5; Ma. 8, 2; 16, 3, ad 1; Ver. 22, 2, ad 4; 2, d. 5, 1, 2, ad 5).

On comprend aussi comment, pour saint Thomas, l'ordre de la finalité, mesuré par le vouloir naturel, et l'ordre de l'effi- cience, correspondant à l'exercice délibéré du vouloir, sont nécessairement liés l'un à l'autre; et comment l'un et l'autre sont nécessairement dépendants des capacités actives de la nature sur laquelle ils se fondent une nature ne tend qu'au bien qu'elle peut réaliser.

A la nature humaine, considérée suivant ses conditions spécifiques, correspond donc une fin dernière, à laquelle elle est ordonnée nécessairement en acte premier, et qui termine vraiment et sa tendance naturelle au bien et à la perfection, et la réalisation de celle-ci par l'exercice de ses puissances opératives sous la motion de son vouloir délibéré.


***

Si telles sont les conditions rationnelles de l'exercice de l'activité volontaire correspondant à la finalité naturelle de l'homme, n'en résulte-t-il pas que la nature humaine, prise absolument, est enfermée dans sa perfection naturelle; que celle-ci bouche, pour ainsi dire, l'horizon de ses désirs, ne laissant à la volonté aucune issue vers la béatitude parfaite et la vision divine?

Sans doute, le vouloir naturel, expression de la finalité natu- relle de l'homme, ne dépasse pas la fin dernière naturelle de celui-ci. Mais, plus profondément que le vouloir naturel, il y a, à la base de l'activité volontaire, la motion naturelle au bien, qui constitue la volonté en tant que puissance, et dont le vouloir naturel est la détermination première. Et il est facile de comprendre que cette motion prise indépendamment de sa détermination, c'est-à-dire de sa limitation par le vouloir naturel, porte, de soi, plus loin que celui-ci.

La motion, en effet, correspond à la capacité absolue et totale de perfection de la nature humaine; elle englobe dans son objet, sous forme indéterminée sans doute, toute la perfection possible de cette nature, quelle qu'elle soit. Car son objet propre est le bien comme tel, n'incluant, de soi, aucune déter- mination ni limitation: il contient en soi, d'une manière indé- terminée, tout bien, tout le bien, toute la perfection possible de la nature humaine, non sculement son bien naturel, mais aussi son bien surnaturel, si un tel bien est possible pour l'homme.

Et dans cette hypothèse la détermination naturelle de la motion au bien doit laisser place en celle-ci pour une déter- mination ultérieure possible, pour une finalisation de la nature humaine qui l'ordonne à sa perfection dernière absolue, répon- dant à l'objet adéquat de la volonté. La détermination naturelle, l'acte premier naturel du vouloir n'épuise donc pas les possi- bilités de détermination de la virtus volendi la perfection naturelle de l'homme, si elle satisfait le vouloir naturel, ne remplit cependant pas, suivant toute son amplitude, la capacité absolue de perfection de la nature humaine, connotée par la motion, au bien.

On voit dès lors comment, grâce à la motion au bien, qui ne se confond pas avec le vouloir naturel, une issue reste ouverte à la volonté humaine vers sa perfection totale absolue, même dans l'état naturel de l'homme.

On doit même aller plus loin, et dire que la motion naturelle au bien, prise en elle-même, indépendamment de toute déter- mination, implique essentiellement, à son terme dernier absolu, une relation spéciale, qu'elle n'a avec aucun autre bien concret rentrant dans son objet. La volonté, en effet, en tant que motion au bien en général, dit rapport à tout bien son mouvement même, son dynamisme propre, l'ordonne, in communi sans doute, et aussi remote si nous la considérons indépendamment de toute détermination première, à la totalité du bien de la nature humaine, tant intensive que extensive le désir naturel qui l'anime ne laisse en dehors de son objet aucune forme de bien ou de perfection. Mais les diverses formes particulières du bien humain ne se juxtaposent pas sur un même plan, pour ainsi dire, devant la volonté ainsi considérée elles sont hiérar- chisées au contraire, suivant qu'elles s'approchent plus ou moins de ce qui est le bien total absolu de la nature humaine, Il s'en suit dès lors que, sans être déterminée in particuları à aucun bien, la motion au bien tend nécessairement à culminer dans le bien dernier absolu, comme dans le terme qui réalise la totalité de son objet, et dont tous les autres biens ne sont que des participations. Elle dit vraiment relation transcendentale à ce terme, comme au maxime tale, qui est, selon l'axiome scolastique cher à saint Thomas, le principe et la cause de tout ce qui est eiusdem generis.

Cette relation transcendantale de la volonté en tant que puissance, de la virtus volendi, au bien absolument parfait, est d'ordre essentiellement métaphysique relation réelle, évidemment, constitutive de la motion, mais qui, de soi, ne se traduit pas d'une manière déterminée dans l'exercice même du vouloir; car le terme de cette relation n'est pas une perfection dont la nature est déjà formellement le commencement; c'est pourquoi aussi la perfection dernière absolue n'est pas naturel- lement connue par l'homme, n'existant pas naturellement en lui, au moins formellement, même à l'état inchoatif. La relation transcendentale de la virtus volendi au bien parfait absolu n'émergera pas d'une manière déterminée dans la conscience aussi longtemps que la nature ne sera pas ordonnée à ce bien comme à sa fin dernière nécessaire. Psychologiquement, elle est donc par elle-même une relation à un terme abstrait, indé- terminé, au plus grand bien possible de la nature humaine. A ce terme psychologiquement indéterminé doit répondre, métaphysiquement, un objet réel mais ce qu'est cet objet, l'homme ne peut le savoir avec certitude que dans la mesure où il peut connaître la possibilité de sa béatitude surnaturelle.  Aussi peut-on dire qu'il y a naturellement dans la volonté humaine un désir de voir Dieu, mais qui s'ignore.

Cette relation transcendantale de la virtus volendi au bien parfait absolu n'entraîne-t-elle pas une finalité de la nature humaine au bien surnaturel?

Non; car la finalité, entendue au sens propre d'une tendance exigeante de son terme, n'apparaît dans la volonté que sous la forme du vouloir naturel déterminant la motion au bien. Ce n'est pas par cette motion au bien que la nature humaine est finalisée, mais par la détermination première de cette motion; et le principe de cette détermination, comme nous l'avons expliqué plus haut, c'est cette connaissance innée de la fin dernière naturelle, qui préfigure dans la volonté, selon ses conditions formelles a priori, le degré de perfection corres- pondant aux capacités actives de la nature humaine. C'est cette détermination première, ce vouloir naturel, qui exprime la finalité au sens propre de la nature humaine, traduisant ses exigences et son besoin de perfection. La relation transcendan- tale de la motion au bien, de la virtus volendi, au bien parfait subsistant est donc naturellement antérieure, natura prius, à la finalité de l'être; et celle-ci ne fait que préciser jusqu'où l'activité naturelle de l'être peut atteindre dans la possession de ce bien parfait.

Mais si cette relation transcendantale ne signifie pas une finalité au sens propre, on peut dire cependant qu'elle exprime une finalité radicale et analogique de la nature humaine, une finalité inchoative, mais incomplète, non encore déterminée, et à cause de cela ineffective, au bien absolu. Elle traduit la capacité absolue de perfection de la nature humaine, capacité à laquelle doit répondre un terme qui ne peut être que le bien absolument parfait; et vers ce terme la volonté en tant que puissance doit nécessairement être portée d'une certaine manière, mais seulement d'une manière inchoative et incomplètement déterminée.

Et puisque à toute finalité doit correspondre, selon saint Tho- mas, une capacité active de réalisation de la fin, on peut dire aussi qu'à cette finalité radicale correspond dans la nature humaine une capacité radicale de réalisation de son terme, qui n'est pas autre chose d'ailleurs que l'activité naturelle elle-même. Le surnaturel, en effet, n'est pas tellement transcendant par rapport à la nature, qu'il exclue absolument toute racine en celle-ci: sans que rien de purement naturel cependant soit formellement surnaturel. C'est par sa nature, par son activité naturelle, mais renforcée et complétéc, que l'homme, élevé à l'ordre surnaturel, va vers sa fin dernière, et non par une activité totalement étrangère à sa nature, où celle-ci serait purement passive.

Cette finalité radicale et ineffective de la nature humaine par rapport à son bien dernier absolu, enveloppée d'une manière psychologiquement indéterminée dans la motion au bien qui constitue la volonté en tant que puissance, est susceptible de s'achever en une finalité au sens propre, par une détermination analogue au vouloir naturel, qui finalise la nature à sa perfection dernière absolue. Car si l'homme est appelé à sa destinée surna- turelle, il faut nécessairement que sa nature et sa volonté soient finalisées à cette nouvelle fin dernière. Dans cette hypothèse, en effet, la possession du bien dernier absolu n'est plus scule- ment une possibilité pour l'homme, mais une véritable exigence au sens propre. Pour saint Thomas, en effet, une fin dernière répond toujours à une exigence de la nature, soit essentielle, soit accidentelle; à une exigence naturelle, c'est-à-dire physique et pas seulement morale, qui est comme la préparation subjective de la nature à sa fin, qui l'adapte et la proportionne, au moins inchoativement à celle-ci, comme à son achèvement nécessaire. La volonté humaine, en effet, n'est pas telle, naturellement, qu'elle soit également apte à désirer, comme son hien nécessaire, sa fin naturelle et sa fin surnaturelle, si bien qu'il suffirait que celle-ci lui soit présentée pour qu'elle suscite dans la volonté humaine le besoin de la posséder. Autant il est impossible que naturellement la volonté désire le bien parfait absolu comme sa fin dernière, autant il est nécessaire que, une fois appelée à cette perfection, elle y soit ordonnée comme au bien dernier qu'elle exige nécessairement, de la même manière que dans l'ordre naturel, elle exige sa fin dernière naturelle, à laquelle elle est naturellement ordonnée.

Il faut donc qu'il y ait, dans la nature humaine appelée à la bćatitude surnaturelle, une disposition subjective nouvelle, une exigence nouvelle, antérieure à tout exercice délibéré du vouloir, antérieure même à la foi et la grâce sanctifiante (1), et qui finalise la nature humaine à sa destinée surnaturelle sous la forme d'un besoin nécessaire, indélibéré, du bien dernier absolu. Et cette disposition subjective, selon les principes de la psychologie thomiste, ne peut être qu'un nouvel acte premier du vouloir; car si c'est l'acte premier naturel du vouloir qui finalise la nature humaine à son bien dernier naturel, il faut aussi qu'il y ait, correspondant à sa fin dernière surnaturelle, un acte premier, non délibéré, du vouloir, qui l'ordonne néces- sairement à cette nouvelle fin dernière. Dieu, en effet, n'impose pas à l'homme sa destinée surnaturelle d'une manière purement juridique et extérieure.

Ce nouvel acte premier du vouloir n'est aucunement essentiel, sans doute, à la nature humaine, comme l'est l'acte premier naturel de la volonté; il n'est nécessaire qu'hypothétiquement; et c'est l'appel divin de l'homme à sa fin surnaturelle qui peut seul l'éveiller dans la volonté, en rendant celle-ci capable de s'actuer en acte premier suivant la totalité de l'objet auquel elle dit rapport en tant que virtus volendi.

La vocation de l'homme, par Dieu, à sa fin dernière surna- turelle, n'est donc pas seulement un appel extérieur. Antérieu- rement à tout appel extérieur, l'appel divin a déjà retenti dans les profondeurs de la nature humaine, pour y susciter un nouveau vouloir non délibéré, analogue au vouloir premier naturel, un besoin de posséder le bien parfait suivant son essence, qui n'eût pas existé dans la volonté laissée à ses con- ditions naturelles. La vocation de l'homme à sa perfection surnaturelle modifie donc physiquement la nature humaine pour l'ordonner déjà d'une certaine manière, avant toute coopération libre de sa part, à cette nouvelle destinée: ordi- nation éloignée, sans doute, car il ne s'agit pas encore ici de la grâce sanctifiante, ni d'un acte de foi, ni même de la foi habituelle, mais de cette disposition subjective préalable qui doit rendre celles-ci possibles, et qui est le besoin, l'exigence du bien dernier absolu, exprimée par un acte premier, indé- libéré du vouloir.

Et ce nouvel acte premier du vouloir impliquera, comme le vouloir naturel, une certaine connaissance innée de son objet: non pas sans doute une connaissance des vérités de la foi, accessibles seulement à l'homme par la révélation extérieure, ni une connaissance des conditions positives de la béatitude surnaturelle; mais une connaissance implicite que son objet ne peut être que le bien infini, le bien subsistant tel qu'il est en lui-même.

Et puisque toute finalité au sens propre entraîne, comme corrélatif nécessaire, les capacités actives de réaliser son terme, la vocation de l'homme à sa perfection surnaturelle impliquera nécessairement aussi, de la part de Dieu, une adaptation des conditions, tant subjectives qu'objectives, de l'action humaine, aux exigences de sa nouvelle destinée.

Ainsi, à partir de la motion naturelle au bien, qui constitue la volonté en tant que puissance, l'exercice de l'activité volontaire de l'homme est susceptible de se développer sur deux plans distincts, entre lesquels cette motion met une certaine conti- nuité. Elle peut s'exercer, à partir d'un double acte premier du vouloir, selon une double finalité complémentaire, en vue d'atteindre dans sa plénitude l'objet auquel la motion au bien dit une relation transcendantale, et qui est le bien parfait subsistant, c'est-à-dire Dieu. La première de ces finalités, naturelle, essentielle à la nature humaine, ordonne l'homme à la possession du bien parfait mais seulement dans sa mani- festation créée; la seconde, surnaturelle, gratuite, ordonne la volonté humaine au bien parfait tel qu'il est en lui-même. Et à cette double finalité correspond une double béatitude, au sens d'une quietatio appetitus, cet appétit étant celui que traduit le vouloir non délibéré. Cette double béatitude ne correspond donc pas à deux moments de la réalisation d'une seule et même fin dernière, ce qui impliquerait une seule finalité. Le rapport, qui relie l'une à l'autre ces deux béatitudes possibles de l'homme, se trouve exprimé par saint Thomas dans ce passage du De virtutibus, art. 10 Quantum ad perfectionem finis, dupliciter homo potest esse perfectus: uno modo secundum capacitatem suae naturae, alio modo secundum quamdam supernaturalem perfec- tionem, et sic dicitur homo perfectus esse simpliciter, primo autem modo secundum quid.

Telles nous semblent être, selon les principes de saint Thomas, les conditions métaphysiques de l'exercice du vouloir humain, suivant la double finalité dont est susceptible la nature humaine, et pour autant qu'elles peuvent être déterminées rationnelle- ment à partir de l'hypothèse de la possibilité de la fin dernière surnaturelle.

 

 

***

 

Cette conception de la psychologie du vouloir humain selon les principes de la métaphysique de saint Thomas doit permettre, croyons-nous, de préciser quelle fut la pensée du saint Docteur au sujet du désir naturel de voir Dieu car ce désir doit nécessairement concorder avec les principes généraux suivant lesquels il concevait l'exercice de l'activité volontaire.

Que peut signifier, selon la conception thomiste, le desiderium naturale, dont il est si souvent question dans les textes qui nous occupent? Car cette expression peut s'entendre dans des sens divers suivant les contextes soit d'un appétit naturel inné, soit d'un désir naturel élicite.

Selon saint Thomas, l'appétit naturel au sens propre est une motion innée au bien, non conditionnée par la connaissance de son objet: absque cognitione, sicut plantae et corpora inanimata (1, 59, 1, c). Cette inclination naturelle au bien est consécutive  à une forme réelle, à la forme naturelle du sujet mű par cet appétit, mais non à une forme intentionnelle, à la conception de son objet (1, 80, 1, c).

Un autre caractère de l'appétit naturel au sens propre, c'est qu'il constitue essentiellement une inclination particularisée : appetitus naturalis determinatur ad unum (1, 41, 2, c). C'est une motion ordonnée à un terme concret, physiquement inscrit en elle, pour ainsi dire, et qui la dirige, suivant une voie toute tracée, à ce terme. C'est un pondus naturae, comme le désignent les Scolastiques, analogue à la pesanteur qui entraîne la pierre vers le bas (1, 83, 1, c).

De plus, comme le note encore saint Thomas, l'appétit naturel, quoique toujours en acte, n'a cependant pas d'acte exercé par une faculté appropriée (3, d 27, 1, 2, c).

A l'appétit naturel se rattache aussi l'instinct animal, qui implique sans doute des éléments de représentation, mais non cependant une véritable connaissance de son objet qui spéci- fierait son exercice. L'instinct signifie une forme d'action concrète, préformée suivant sa structure spécifique dans la nature de l'être, et que celui-ci exerce sans la juger, qui se déclanche, pour ainsi dire, en lui à l'occasion de certaines perceptions sensibles.

Il est bien clair, et saint Thomas le dit très nettement, que l'activité humaine, l'activité volontaire, ne peut s'exercer suivant un appétit naturel au sens strict: Homo non agit naturali instinctu in particulari operabili (1, 83, 1, c).

Saint Thomas admet cependant, à l'origine du vouloir, une motion, une inclination naturelle au bien, parce que, dit-il, id quod est naturae oportet salvari etiam in habentibus intellectum (1, 60, 1, c). Mais cette inclination naturelle est, du point de vue psychologique, une motion au bien en général. Du point de vue métaphysique toutefois, comme nous l'avons dit plus haut, les exigences de la raison obligent à admettre une relation trans- cendantale de cette motion au bien à un terme dernier concret, au bien parfait absolu. Cette relation ne définit sans doute pas la motion au bien telle qu'elle se manifeste dans l'activité volontaire, puisque, ainsi considérée, elle s'exerce seulement suivant la détermination que lui apporte l'acte premier du vouloir; mais, du point de vue métaphysique, elle exprime cependant la vraie nature de la volonté en tant que puissance, sa capacité absolue en tant que motion au bien, qui doit néces- sairement se définir métaphysiquement par son terme ultime absolu.

Ainsi peut-on comprendre que certains Scolastiques aient conçu le désir naturel de voir Dieu comme une motion innée dans la volonté humaine, même indépendamment de la vocation de l'homme à sa destinée surnaturelle. Cette dénomination ne peut être acceptée, sans doute, qu'à la condition de l'entendre dans ce sens très spécial que nous venons de préciser, et nulle- ment dans le sens d'un appétit naturel au sens propre. Car la virtus volendi, en tant qu'elle dit relation transcendantale au bien parfait absolu de la nature humaine, n'a pas valeur d'un véri- table appétit inné, dirigeant, finalisant l'exercice de l'activité humaine. Elle n'est, par elle-même, dans l'exercice de l'activité volontaire, qu'un principe déterminable, orientant sans doute vers Dieu l'activité humaine, mais par l'intermédiaire de l'acte premier du vouloir, qui seul lui donne la valeur d'un principe de finalité.

Une telle conception du désir naturel de voir Dieu semble bien répondre à ce que dit saint Thomas à propos de la béatitude naturelle des enfants morts sans baptême (Ma, 5, 3). Pour eux, la peine du péché originel se réduit à une opposition de leur état avec l'inclination naturelle de Icur volonté, contra incli- nationem voluntatis (Ma, 5, 3 ad 3), inclination compatible avec l'ignorance de la béatitude dont ils sont privés. Cette ignorance de la portée de leur inclination vers le bien, chez des êtres jouissant de la plénitude de leur capacité naturelle de connaître, n'a rien d'invraisemblable: car une nature ordonnable au surna- turel ne peut se connaître pleinement elle-même que si elle est actuellement ordonnée à cette fin. La relation transcendantale de la virtus volendi au bien parfait absolu ne s'actue pleinement dans la volonté que par la nouvelle détermination première suscitée en elle par l'appel divin: c'est alors seulement qu'elle peut émerger à la conscience sous la forme d'une finalité au sens propre. Mais sans cet appel, elle reste enfouie dans l'obscurité de ces dernières profondeurs de la nature créée, que Dieu seul connaît, et que lui seul peut faire apparaître. Telles nous semblent être les conditions rationnelles d'un désir inné de voir Dieu, selon les principes de saint Thomas.

Que peut-on déduire de ces mêmes principes par rapport au désir élicite de voir Dieu?

Comme son nom même l'indique, un tel désir est un acte; il est exercé sous la forme d'un acte de la faculté de désirer, c'est-à-dire de la volonté. Il est toujours consécutif à la connaissance de son objet, qui est le principe spécificateur du vouloir.

Le désir élicite peut se présenter sous une double forme: soit comme l'acte premier de la volonté ou vouloir naturel, soit comme son acte second.

Dans l'ordre naturel, un vouloir naturel de la vision divine, même sous forme de désir, est évidemment impossible, selon les principes de saint Thomas: car il impliquerait que la nature est ordonnée au bien surnaturel comme à sa béatitude dernière nécessaire, suivant une finalité au sens strict.

Dans l'hypothèse de la vocation de l'homme à sa fin surna- turelle, par contre, un tel vouloir est non seulement possible, mais exigé, pour finaliser la nature humaine à sa béatitude surnaturelle, qui est dès lors sa seule vraie fin dernière: car pour l'homme élevé à l'ordre surnaturel, la béatitude natu- relle n'a plus valeur de fin dernière, capable de quietare appetitum.

Et comme ces conditions sont celles de l'humanité historiquement considérée, on peut dire qu'un tel vouloir se retrouve maintenant en tout homme.

De ce fait, il faut conclure que la psychologie du désir humain eat entièrement changée, et ne ressemble plus à ce qu'elle eût été dans l'homme laissé à ses conditions naturelles. Dans l'ordre naturel, en effet, le centre des désirs humains eût été la perfection divine, sans doute, mais telle que pouvait la mani- fester le monde créé, et non pas telle qu'elle est en Dieu lui- même; et de ce chef les valeurs créées auraient eu pour la volonté humaine un attrait, une puissance de séduction, et une plénitude, qu'elles ne peuvent plus avoir, maintenant que l'aspiration nécessaire de l'homme le porte au-delà de tout bien fini. Dans l'ordre naturel, on peut dire que l'homme se fût beaucoup plus intéressé au monde créé qu'à Dieu lui-même, qui lui eût apparu comme sa Cause première, transcendante et inaccessible. Et Dieu, de son côté, n'aurait eu avec son œuvre que des relations de cause à effet, et non pas des relations personnelles comme celles qui caractérisent l'ordre surnaturel. Dans l'état actuel de l'humanité, au contraire, le besoin fonda- mental de la nature humaine et son intérêt essentiel la portent vers Dieu lui-même, par un vouloir nécessaire, comme vers le seul principe de sa perfection et de sa béatitude.

Et ce besoin de Dieu ne doit pas être conçu comme consé- cutif à la foi, ou à la connaissance de la vérité révélée, qui découvrirait à l'homme sa destinée surnaturelle et susciterait en lui le désir de la posséder. Comme nous l'avons expliqué déjà, ce besoin de Dieu doit exister nécessairement, dans la nature humaine, comme l'effet premier de la vocation de l'homme à sa fin surnaturelle. Il est coextensif à l'appel de Dieu, et universel comme sa volonté salvifique. Et il est suscité dans la volonté humaine à la façon d'un vouloir premier, qui la finalise au bien parfait absolu, à la béatitude surnaturelle, comme le fait dans l'ordre naturel le vouloir naturel pour la fin dernière naturelle. Ce vouloir premier n'a d'ailleurs rien de méritoire surnaturellement, bien qu'il soit déjà une grâce surnaturelle, tant qu'il n'a pas été ratifié positivement par l'exercice de la volonté délibérée.

 

Sans doute, cette tendance à Dieu reste, en fait, obscure et implicite chez beaucoup d'hommes, surtout aussi longtemps que la connaissance de la vérité révélée ne lui a pas permis de prendre d'elle-même une conscience explicite. Mais elle n'en est pas moins active pour cela; et elle constitue en particulier la dispo- sition psychologique nécessaire à l'acceptation de la révélation, et à l'intelligence des signes qui la manifestent. D'ailleurs, une analyse phénoménologique bien conduite du désir humain, tel qu'il se révèle dans l'action humaine, ne manquerait pas de mettre en évidence, dans la psychologie concrète de l'homme, ce besoin du bien dernier transcendant.

Telles étant les conditions rationnelles d'un désir élicite de voir Dieu sous forme d'acte premier du vouloir, comment un tel désir pourra-t-il s'exprimer en acte second?

Notons d'abord que le vouloir en acte second ne fait qu'expri- mer concrètement, en le détaillant, l'objet du vouloir naturel, dont il n'est que l'achèvement: ex naturali voluntate causantur omnes aliae voluntates, dit saint Thomas (1, 60, 2, c).

Dès lors, la vision de Dieu ne peut être désirée, au moins d'un désir parfait, que et dans la mesure où elle est voulue naturellement. Or, dans l'ordre naturel, aucun vouloir premier n'eût déterminé la volonté à désirer la vision divine. Aucun désir de celle-ci, expression d'un vouloir délibéré, n'eût donc été naturellement possible pour l'homme; puisqu'un tel désir ne peut naître dans la volonté que s'il rentre dans l'objet de sa finalité au sens propre.

Mais dans l'ordre naturel un désir de voir Dieu n'eût-il pas été possible, sous la forme d'un souhait velléitaire tout au moins?

Un tel désir, sans doute, qui n'est que l'expression d'une volonté incomplète, n'eût rien cu de contraire aux conditions métaphysiques de l'exercice du vouloir humain: une fois connue l'existence de Dieu, l'homme aurait certes pu souhaiter de connaître Dieu tel qu'il est en lui-même. Nous ne pouvons cependant que difficilement nous rendre compte de la signifi- cation qu'aurait eue un tel désir dans la psychologie, si différente. de la nôtre, de l'homme laissé à sa condition naturelle. On pourrait y voir l'affleurement à la conscience de cette finalité radicale du vouloir vers le bien absolument parfait, dont nous avons parlé plus haut. Mais ce désir n'eût pu être que problé- matique et incertain, ne pouvant se fonder avec certitude sur la possibilité de son objet, que la foi seule peut garantir pleinement.

On dira peut-être que cette conclusion reste bien en deçà de celle de saint Thomas.

Sans doute, les textes du Saint Docteur paraissent, à pre- mière vue, conclure d'une manière beaucoup plus affirmative. Nous doutons cependant que son intention, dans ces passages, ait été de conclure d'une manière absolue, en se basant unique- ment sur la raison. Car son raisonnement est avant tout apolo- gétique: il veut montrer à ses contradicteurs que sa croyance en la possibilité de la vision divine par l'intelligence créée n'a rien de contradictoire et d'absurde, comme ils le prétendaient; et, pour cela, une conclusion, même en soi uniquement pro- bable, du point de vue de la pure raison, était suffisante; et il ne devait nullement, pour les réfuter, aller jusqu'à leur faire partager sa certitude à lui. Cette conclusion n'a donc, semble- t-il, du point de vue purement rationnel au moins, qu'une valeur relative, une valeur apologétique mais non apodictique.

Un désir élicite de voir Dieu, dans le sens d'un acte second du vouloir, ne peut avoir la pleine valeur d'un désir absolu et sûr de lui-même, que s'il est fondé sur une certitude de foi, qui lui garantisse la possibilité de son objet.

Nous pourrions donc, en manière de conclusion, résumer ainsi ce qui nous semble être la pensée de saint Thomas au sujet du désir naturel de voir Dieu: il y a naturellement dans la volonté humaine un désir de la vision divine, indépendant de la vocation de l'homme à sa destinée surnaturelle: désir radical, inchoatif, psychologiquement indéterminé, quoique incluant une relation métaphysique au bien dernier absolu, c'est-à-dire à l'essence divine. Ce désir, dans l'ordre naturel, n'eût jamais pu prendre de lui-même une conscience certaine. C'est l'appel divin qui l'éveille et l'actue dans la volonté d'une manière déterminée, et lui donne de pouvoir se traduire en un désir élicite sûr de son objet, et expression d'une finalité surnaturelle au sens propre.

Nous ne voudrions pas affirmer que cette interprétation de la pensée de saint Thomas soit incontestable; mais elle nous paraît bien être celle qui s'harmonise le mieux avec l'ensemble de sa conception métaphysique du vouloir humain.

Eegenhoven-Louvain.

Ed. BRISBOIS, S. I.

February 22 Feast of Saint Peter's Chair at Antioch

 பிப்ரவரி 22ம் தேதி

அர்ச் இராயப்பர் தமது பத்திராசனத்தை அந்தியோகியாவில் ஸ்தாபித்த திருநாள்

அர்ச். இராயப்பர், உரோமாபுரிக்கு செல்வதற்கு முன்பாக, அந்தியோகியாவில் திருச்சபையின் தலைமையகத்தை ஸ்தாபித்தார். அந்தியோகியாவின் பிதாப்பிதாவான அர்ச். இஞ்ஞாசியார், பாப்பரசரான அர்ச். கிளமென்ட் போன்ற ஆதித்திருச்சபையின் அநேக அர்ச்சிஷ்டவர்கள் இக்கருத்தை நிச்சயப்படுத்தியுள்ளனர்.

கீழை நாடுகளின் தலைநகரமாகத் திகழ்ந்த அந்தியோகியாவை அர்ச். இராயப்பர் தன் விசேஷ பாதுகாவலிலும் கண்காணிப்பிலும் ஆண்டு நடத்தி வந்தார்; ஏனெனில், இந்நகரில் மிக எளிதாக சத்திய வேதம் வேரூன்றி வளர்ந்தது. இங்கு தான் "கிறிஸ்துவர்கள்" என்கிற வார்த்தை முதலில் உச்சரிக்கப்பட்டது! இந்நகரில் தான், சத்திய வேதத்தை அனுசரிக்கிறவர்களை "கிறிஸ்துவர்கள்!" என்று அழைப்பது வழக்கில் தோன்றியது.

இந்நகரில் இறந்த ஒருவனை அர்ச். இராயப்பர் உயிர்ப்பித்தார்; இப்புதுமையைக் கண்ட இந்நகரவாசிகள் இவருக்கு ஒரு தேவாலயத்தைக் கட்டித் தந்தார்கள். உடனே, இந்நகரை திருச்சபையின் தலைமைப் பீடமாக கொண்டு, அர்ச். இராயப்பர் சத்திய வேதத்தைப் போதித்து வந்தார். அந்தியோகியாவில் பிரசங்கித்த அர்ச். இராயப்பரின் குரலொலி, அக்காலத்தின் மூன்று முக்கிய மிகப்பெரிய நாடுகளால் கேட்கப்பட்டன! அதாவது, எபிரேயர்களாலும், கிரேக்கர்களாலும், இலத்தீன் மொழி பேசுகிற உரோமையர்களாலும் கேட்கப்பட்டது.

அர்ச். இராயப்பர், அந்தியோகியாவில் அதிகக் காலம் இருந்ததாக அர்ச். கிறிசோஸ்தம் அருளப்பர் கூறுகிறார். அர்ச். இராயப்பர், அந்தியோகியாவின் மேற்றிராணியாராக ஏழு வருடகாலம் இருந்தார் என்று அர்ச். பெரிய கிரிகோரியார் கூறுகிறார். அவர் எப்போதும் இந்நகரிலேயே தங்கியிருக்கவில்லை. ஆனால், அப்போஸ்தலிக்க அலுவலை ஞானத்துடன் ஆண்டு நடத்தி வந்தார்.

பாரம்பரியம் நிச்சயிப்பதன்படி, இவர் உரோமாவில் 25 வருட காலம் தங்கியிருந்தார்; நமதாண்டவரின் மேட்சாரோகணத்திற்குப் பின் மூன்று வருடகாலம் கழித்து, இவர் திருச்சபையை அந்தியோகியாவில் ஸ்தாபித்தார்; கிளாடியுஸ் சக்கரவர்த்தி ஆண்ட காலத்தின் 2ம் வருடத்தில், இவர் உரோமைக்குச் சென்றார்.

அர்ச். இராயப்பர், அர்ச். முடியப்பர் வேதசாட்சியாக யெருசலேமில் கொல்லப்பட்ட (அப். நட 8:1) பிறகு, யெருசலேமை விட்டு வெளியேறி, அந்தியோகியாவில் தங்கியிருந்தார். பின்னர், யெருசலேமில் கி.பி. 43ம் வருடம் தங்கியிருந்த சமயத்தில், அகிரிப்பா அரசனால் சிறைப் படுத்தப்பட்டபோது, அங்கிருந்து புதுமையாக தப்பித்தார்; அந்தியோகியா சென்றபோது, தன்னை யூதர்கள் துரத்திவருவார்கள் என்பதை அறிந்தவராக, அர்ச். இராயப்பர் உரோமாபுரிக்குச் சென்றார்.

ஆதித்திருச்சபையின் காலத்தில், ஞானஸ்நானம் பெற்ற வருடாந்திர தினத்தை அனுசரிப்பதை, கீழை நாடுகளிலுள்ள கிறிஸ்துவர்கள் வழக்கத்தில் கொண்டிருந்தனர். வருடாந்திர தினத்தில், ஒவ்வொரு கிறிஸ்துவனும் ஞானஸ்நான வார்த்தைப்பாடுகளை புதுப்பிப்பார்கள். மேலும், தங்களை சுவீகரப் புத்திரர்களாகத் தேர்ந்தெடுத்ததற்காக சர்வேசுரனுக்கு நன்றி செலுத்துவார்கள். அந்த ஞானஸ்நான நாளை அவர்கள் ஞானஜீவியத்தின் பிறந்த நாளாகக் கருதி கொண்டாடி வந்தனர்.

அதேபோல், மேற்றிராணிமார்களும், அவர்களுடைய அபிஷேக நாளின் வருடாந்திர தினத்தை அனுசரித்து வந்தனர் என்பதை, அர்ச். பெரிய சிங்கராயர் பாப்பரசருடைய நான்கு பிரசங்கங்களிலிருந்து அறிந்துகொள்ளலாம்; அவர் தமது பிரசங்கங்களில், பாப்பரசராகப் பதவியேற்ற வருடாந்திர தினத்தின் அனுசரிப்பைப் பற்றி அறிவித்திருந்தார். மேற்றிராணிமார்கள், பாப்பரசர்களின் இத்தகைய வருடாந்திர நாட்களை, அப்பரிசுத்த மேற்றிராணிமார்கள், பாப்பரசர்கள் மீது கொண்ட பக்திபற்றுதலின் நிமித்தமாக விசுவாசிகள், தொடர்ந்து நன்றியறிதலாக, அவர்களுடைய ஜீவிய காலத்திற்குப் பிறகும் கூட கொண்டாடி வந்தனர் என்பது குறிப்பிடத்தக்கது.

அர்ச். இராயப்பர், அந்தியோகியாவில் தமது பத்திராசனத்தை ஸ்தாபித்த திருநாள், ஆதித்திருச்சபையின் துவக்கக் காலங்களிலேயே கொண்டாடும்படியாக ஏற்படுத்தப்பட்டது. அர்ச். இராயப்பருடைய வேதசாட்சிய திருநாளைக் கொண்டாடுகிறதைப்போலவே, அதே ஆனந்த சந்தோஷத்துடன், அவருடைய பத்திராசனம் ஸ்தாபிக்கப்பட்ட திருநாளும் கொண்டாடப்பட வேண்டும்; ஏனெனில் வேதசாட்சிய முடியைப் பெற்றபோது, மேட்சத்தில் அவர் மகிமையின் பத்திராசனத்தைப் பெற்றுக்கொண்டார்; அவர் பூமியில் பத்திராசனத்தை ஸ்தாபித்தார் என்பதால், பூமியிலுள்ள திருச்சபையின் தலைவராக ஸ்தாபிக்கப்படுகிறார் என்று அர்ச். சிங்கராயர் கூறுகிறார்.

அர்ச். இராயப்பர், உரோமாபுரியில் பத்திராசனத்தை ஸ்தாபித்த திருநாள், ஜனவரி 18ம் தேதி கொண்டாடப்படுகிறது. இது, உரோமாபுரியில் திருச்சபையின் தலைமைப் பீடம் ஸ்தாபிக்கப்பட்டதன் நினைவாகக் கொண்டாடப்படவேண்டும் என்பதற்காக ஏற்படுத்தப்பட்டது.

அப்போஸ்தலர்களின் தலைவரான அர்ச். இராயப்பரே! எங்களுக்காக வேண்டிக்கொள்ளும்!


February 22

Feast of Saint Peter's Chair at Antioch

Saint Peter, before he went to Rome, founded the see of Antioch. This historical fact is attested by many Saints of the earliest times, including Saint Ignatius of Antioch and Pope St. Clement.

The Prince of the Apostles took under his particular care and surveillance the city of Antioch, which was then the capital of the East. It was in Antioch that the Catholic faith took such deep roots that the word "Christians" was first used.

From Antioch, St. Peter's voice was heard by representatives of the three largest nations of antiquity—the Hebrews, the Greeks, and the Latins. Saint John Chrysostom says that Saint Peter remained there for a long period, while Saint Gregory the Great states that he was Bishop of Antioch for seven years. Though he did not reside there at all times, he governed its apostolic mission with wisdom.

If, as tradition affirms, he spent twenty-five years in Rome, then his establishment at Antioch must have occurred within three years after Our Lord’s Ascension, since he would have gone to Rome in the second year of Claudius' reign.

St. Peter likely left Jerusalem following the persecution that arose after the martyrdom of Saint Stephen (Acts 8:1). He remained in Antioch until his miraculous escape from prison during the reign of King Herod Agrippa in 43 A.D. (Acts 12). Knowing he would be pursued in Antioch, Peter went to Rome.

The Significance of This Feast

In the early Church, especially in the East, Christians customarily observed the anniversary of their Baptism by renewing their baptismal vows and thanking God for their adoption as His children. Bishops similarly observed the anniversary of their consecration. Saint Leo the Great’s sermons mention how the faithful continued to celebrate these anniversaries even after their bishops' passing, out of reverence for their memory.

This feast of Saint Peter’s Chair at Antioch was instituted in very early times. Saint Leo states that we should celebrate the Chair of Saint Peter with no less joy than his martyrdom, for just as his martyrdom exalted him to a throne of glory in heaven, his chair represents his installation as the Head of the Church on earth.

Related Feast

The feast of Saint Peter’s Chair at Rome is celebrated on January 18, commemorating the establishment of the Holy See in Rome.


Suggested Hashtags

#SaintPeter #FeastDay #ChairOfSaintPeter #Antioch #CatholicChurch #ChristianHistory #EarlyChurch #HolySee #CatholicFaith #ChurchFathers

Metafísica de la relación "In Divinis"

Metafísica de la relación "In Divinis"

La relación, que en las categorías aristotélicas ocupa un lugar común entre los otros accidentes, exige para si una categoría propia en la primera división del ser trascendental. El cual, antes de ser dividido en substancia y accidente debiera, tal vez, dividirse en esse ad se y esse ad aliud; después se podría poner la división en substancia y accidente como una subdivisión del primero de estos miembros, del esse ad se. No nos empeñamos en rehusar el esquema de las categorías aristotélicas, según el cual el ser se divide, en primer lugar, en substancia y accidente, mientras en el grupo de accidentes se establezca marcada la división en absolutos y relativos, pues entendemos que el esse ad aliud difiere del esse ad se tanto o más profundamente que el inesse del subsistere.

Sea, pues, lo que sea de esta prioridad, hay que establecer dentro del ente trascendental tres categorías cardinales en las cuales la nota de ser se verifica no unívoca, sino análogamente: el ser subsistente en sí (substancia) es muy diverso del que existe no en sí, sino en otro (accidente) y ambos profundamente diversos del que ni existe en sí ni en otro como descansando en él, sino proyectándose o proyectando un sujeto hacia otro (relación). «In aliis generibus a relatione, dice Santo Tomás, propria ratio generis accipitur secundum comparationem ad subjectum. Sed ratio propria relationis non accipitur secundum comparationem ad illud in quo est, sed secundum comparationem ad aliquid extra» (1, 28, 2).

Dentro de esta última categoría hay que situar no sólo la relación propiamente dicha, sino todas aquellas realidades cuya función formal es intermedia entre dos seres, v. g.: el movimiento y la potencialidad.

Hemos calificado de realidades los elementos contenidos en estas categorías, porque entendemos que real es todo aquello que no es la pura nada. ¿Y quién se atrevería a afirmar que la relación, el movimiento, la potencialidad son pura nada? Afirmamos también que son realidades distintas de ambos sujetos entre los cuales median y más concretamente de aquel que les sirve de fundamento o punto de partida. Tomemos la potencialidad por ejemplo. ¿Es ella el mismo ser que está en estado potencial? no, porque dicho ser está constituído por unas notas, las de su definición, que lo expresan en sí mismo y lo expresan completamente. Pero la potencialidad refiere este mismo ser a otro grado de perfección distinto del suyo. No añade ninguna nota intrínseca que aumente el ser en sí mismo: un ser con un valor absoluto representado por diez notas constitutivas, tiene el mismo valor intrínseco tanto si puede todavía adquirir notas perfectivas ulteriores, como si ya no puede adquirir más. Ambos representan igualdad de valores actuales en sí mismo; pero uno de ellos tiene un valor potencial de que el otro carece: un valor que no es la pura nada, aunque es nada actual, nada que aumente el valor del sujeto en sí mismo, en el orden de su constitutivo absoluto, esencial o accidental.

Y lo mismo hay que decir de la relación. Y desde este punto de vista se nos impone la sentencia favorable a la que es opinión general dentro de la escuela tomista en la cuestión sobre el constitutivo esencial de la relación: cuestión que no deja de tener su importancia para la doctrina teológica sobre la Trinidad. Opinamos, pues, que la esencia de la relación (por lo menos de la predicamental) cuando se trata de relaciones reales es algo real, distinto de la nada y distinto también del sujeto y del principio o fundamento y del término de la relación misma; algo cuyo ser es intermedio de a y b, que consiste en el flujo o provección de a hacia b; algo, en fin y en consecuencia, que sería una contradicción concebir a la manera de un ser absoluto que existe como descansando en sí o en otro. Aunque a se conciba como existente con todas sus notas substantivas y adjetivas, no es relativo; ni lo sería tampoco aunque existiese su correlativo b, si no surgiese espontáneamente entre ellos algo que es la proyección de a hacia b.

Los adversarios de esta sentencia insisten mucho en que sin ser modificado a, con la sola aparición o desaparición de b se produce o se disipa la relación. Luego, concluyen, la relación no es algo distinto de a y añadido a él (Cf. e. g. PeschFrick, Ontologia, vol. 2, n. 534. Urráburu, Ontología, pág. 1.000). El argumento cae por sí mismo, ya que parte del desconocimiento de una realidad que no afecta o modifica al sujeto en símismo, sino que lo proyecta hacia otro. Una tal realidad no puede modificar la constitución del sujeto en sí mismo.

Por lo demás, el ser de la relación es algo simple, no divisible en partes, y por tanto, no puede concebirse como una suma de las aportaciones de ay de b ni como una resultante de los mismos. Tampoco puede concebirse como una modalidad de a o una realidad cualquiera existente en a y meramente connotando b. Supuesta la existencia de a, todavía no hay relación, si no existe b. Ahora bien, es evidente que b nada pone en a: que a en síes exactamente lo mismo si existe b que si no existe. Luego, o la relación es la pura nada en el orden real, o es algo que no está en a, sino entre a y b.

Así como hay que confesar que el movimiento es una realidad distinta del ser que se mueve, porque éste en su esencia y en sus cualidades inherentes es el mismo cuando está en quietud y cuando está en movimiento, así también hay que admitir que la relación es algo cuya esencia no está en el sujeto relativo, sino que es distinta de todo lo que él contiene en sí; de lo contrario se impondría negar la realidad de la relación.

Hay que concebir, pues, la relación como lo que es, distinta de a y de b como puro intermedio entre ambos, como una pura proyección, un saltar de a hacia b. Esta distinción es real, pero no adecuada: se trata de dos realidades; pero una de ellas no puede prescindir de la otra ni en el orden real, ni aun en el orden de los conceptos adecuados. ¿Cómo sería concebible una relación entre a y b sin a y sin b? ¿Una proyección de un principio a un término, sin término ni principio?

Se ve, pues, que la relación, en su sentido propio, es una entidad muy especial; una expresión, diríamos, mínima del ser. Santo Tomás la llama esse debilissimum, imperfectissimum. (De potentia, q. 7, a. 9. Ib. q. 8, a. 1, ad 4. In I Sent. d. 8, q. 4, a. 3, ad 4.C. gent. 1.4, c. 14: Quamvis autem, etc.)

Nos complacemos en manifestar la conformidad general de estas explicaciones con la doctrina de S. Tomás, contenida en las palabras siguientes: «Ipsa relatio quae nihil est aliud quam ordo unius creaturae ad aliam,

aliud habet in quantum est accidens, et aliud in quantum est relatio vel ordo. In quantum enim accidens est, habet quod sit in subjecto, non autem in quantum est relatio vel ordo; sed solum quod ad aliud sit, quasi in aliud transiens, et quodammodo rei relatae assistens. Et ita relatio est aliquid inhaerens, licet non ex hoc ipso quod est relatio; sicut et actio ex hoc quod est actio consideratur ut in agente; in quantum vero accidens est, consideratur ut in subjecto agente. Et ideo nihil prohibet quod esse desinat hujusmodi accidens sine mutatione ejus in quo est: quia sua ratio non perficitur prout est in subjecto, sed prout transit in aliud; quo sublato ratio hujus accidentis tollitur quidem quantum ad actum, sed manet quantum ad causam; sicut et substracta materia, tollitur calefactio, licet maneat calefactionis causa». («De potentia», q. 7, a. 9, ad 7.)

En el terreno de la metafísica se impone la necesidad de admitir la existencia de seres que ni son substancias ni tampoco accidentes en el sentido propio de inherencia, quiescente, diríamos, en un sujeto; seres cuya realidad es innegable; pero con una existencia especial que ni es en sí ni en otro, sino de uno a otro, seres que llamaríamos flotantes mejor que inherentes, assistentes non intrinsecus affixae» (1, 28, 2), entidades minimizadas, diríamos, según la frase de Santo Tomás: ens imperfectissimum, debilissimum. El fieri de un ser, por ejemplo, no es la pura nada; pero tampoco es el ser mismo en su substanciani alguna de sus cualidades accidentales; lo mismo diríamos del movimiento (como paso de la potencia al acto), de la potencia como capacidad ulterior, y en especial de la relación estrictamente dicha.

Para concebir rectamente tales realidades hay que superar la imaginación que nada puede concebir como puro dinamismo, y aun hay que prescindir del módulo común de nuestras concepciones mentales apropiadas a las esencias de las cosas, que constituyen el objeto propio de nuestro conocimiento. La esencia de una cosa representada por su definición, expresa la cosa en sí y no sus proyecciones hacia otra cosa.

Estas entidades flotantes, asistentes, minimizadas, serían absurdas evidentemente si pretendieran distinguirse adecuadamente de la realidad absoluta, de la cual no son más que como la expansión, según una dirección determinada. Son algo distinto de la realidad absoluta; pero que no puede prescindir de ella ni re ni ratione adaequata, sin convertirse en un absurdo inconcebible.

El olvido de estas verdades elementales ha hecho posible en nuestros días la aparición de sistemas filosóficos tan absurdos como el actualismo de G. Wundt o fenomenismo de Taine, el puro devenir de Bergson, o sea el cambio sin cosas que cambian, el movimiento sin objetos móviles, etc.

La metafísica escolástica, especialmente la tomista, afirma la existencia de ciertas entidades cuya concepción es también especial como la que atribuímos a la relación, movimiento, etc. Nos referimos a la distinción entre ens quod y ens quo usada especialmente en la solución de algunas dificultades graves (Cf. Zigliara, Ontologia, 12, VI, Obj. sexta. Véase nuestros Theologumena, vol. 1, De Deo cooperante, сар. 2, п. 33).

Hay que advertir, sin embargo, que un ente quo en el orden absoluto, por lo mismo que se supone un puro ens quo, se distingue con distinción adecuada de todo ente quod. Un tal ente quo resulta una concepción muy dífícil, no sólo en el orden de la eficiencia real, sino aun en el de la misma causalidad formal. Parece ser inconcebible la función del ente quo si no se le supone con algún quod de realidad en si mismo. Para ser quo, esto es, para realizar alguna eficiencia, es indispensable ser quod, esto es, que haya algo que sea eficiente. En cambio, la esencia de la relación es perfectamente concebible como una proyección o referencia del ser existente en sídel cual se distingue como una emanación, como una excrecencia. La relación no es un puro ens quo que pone en comunicación los dos terminos, sino una realidad, un ens quod emergente del uno al otro. El quo de la relación propiamente hablando es su fundamento y, si queréis, también su término; ella es el quod de la relación (mejor el ad quod), el hecho establecido entre a y b en virtud de las cualidades de entrambos.

Hemos comparado anteriormente la relación a un salto, al salto de a hacia b. Pues bien; la relación no es la causa del salto, ni eficiente ni formal propiamente hablando, sino el salto mismo, cuya causa es la fuerza automotriz de a. Nos parece, por tanto, poco acertada la comparación entre un puro ens quo y la acción (equiparada en esto a la relación) que invocan algunos autores tomistas para explicar la existencia como distinta de la esencia y puro ens quo. (Cf. Goudin, Metaphysica, disp. 1, a. 2, a. 3, Obj. 2.Zigliara, Ontol. 12, VI, Obj, sexta.)

De las especies comprendidas en la categoría especial de ad aliud algunas, como la potencialidad, importan en su misma definición un defecto, una imperfección. Lo mismo hay que decir del movimiento propiamente dicho, que al fin y al cabo se define por la noción de potencia (actus entis in potentia, prout in potentia). Por esto ni la potencialidad ni el movimiento pueden darse en el Ser infinitamente perfecto. La acción, en cambio, esto es, la actividad efectiva es de sí una perfección en el ser que la posee; pero en las criaturas se realiza con una imperfección inevitable, por cuanto la acción o actividad efectiva es en ellas una realidad distinta de la esencia, sobrevenida a ella accidentalmente y, por consigujente, importando un estado de potencialidad y composición incompatible con la perfección divina. En Dios, pues, la acción sólo puede darse identificada con la divina substancia, esto es, en cuanto la misma realidad divina que existe en sí, es por sí misma actividad efectiva de algo fuera de ella. La actividad externa se produce en Dios sin necesitar aditamento alguno o complemento de la divina substancia, como acontece con la actividad efectiva en las criaturas.

Más especial es aún la compatibilidad de la relación con la perfección infinita. La relación sin su término es algo incompleto, es algo potencial cuya actuación y, por tanto, cuya perfección formal (sea ésta como sea) le viene del término. Si el término está fuera del sujeto, la perfección de éste, al menos en esta parte formal que consideramos, depende del término. Por esto Santo Tomás niega constantemente que sean reales las relaciones de Dios con los seres creados.

Algunos teólogos propugnan la realidad de estas relaciones; pero tienen buen cuidado de advertir que tales relaciones no ponen en Dios dependencia alguna respecto de las criaturas (Cf. Donat, Ontologia, n. 394). Lo cual es difícil de concebir, sobre todo para los que admiten que la relación importa perfección en su mismo aspecto formal, como suelen admitir los que en esto se separan de Santo Tomás. Si una relación en Dios es una perfección real, más aún, idéntica a la divina esencia, y la relación importa por su misma definición una dependencia respecto del término, es absurdo poner en Dios relación alguna real ad extra, a no ser que se recurra al concepto de indiferencia actual propio de las acciones divinas, como hemos explicado en otro lugar (De Deo cooperante, cap. V).

Según esto, la incompatibilidad de la relación con el estado divino de perfección infinita, sólo puede desaparecer a condición de que el término de la relación no esté fuera de Dios, sino dentro de la misma esencia infinitamente perfecta, a lo cual parece oponerse la misma naturaleza de la relación que es ad aliud. Sin este aliud, ¿cómo puede existir la relación? Y si dentro de Dios se pone un aliud, ¿no queda comprometida la divina simplicidad?

El dogma católico solventa la dificultad, o mejor establece el hecho de lo que a la razón parece incompatible, con la afirmación de tres personas distintas dentro de una esencia común.

Uno de los puntos más fundamentales de la metafísica trinitaria es la distinción entre el ad y el in de las relaciones divinas.

En los diversos tratados teológicos y filosóficos sobre la distinción es fácil advertir alguna imprecisión de lenguaje. No siempre los mismos términos son usados con rigurosa, universal y constante uniformidad. Defecto del cual adolecen especialmente algunas distinciones que se refieren al orden conceptual, las más controvertidas precisamente. (Billot, thes. VII: simpliciter; Lercher, n. 374: virtualiter).

Para obviar este inconveniente, fijamos el sentido preciso de nuestro pensamiento en la distinción cum praecisione objectiva: existe tal distinción cuando en el contenido objetivo de un concepto no se halla incluído el contenido de otro. Advertimos, además, que esta contención puede ser explícita e implícita.

Esta distinción, cuando se da, es una distinción adecuada de conceptos; una distinción inadecuada no importa verdadera precisión objetiva.

Fijado así el marco, veamos si se encuadra en él o no la distinción entre el ad y el in de las relaciones divinas.

Consideremos esta distinción por sus dos partes: a) ¿El in en Dios incluye el ad o prescinde adaequate del ad? Se suele dar como respuesta cierta en términos de la teodicea natural que el in divino, o sea, la esencia de Dios, no importa el ad, esto es, relación alguna. Por esto los teólogos reputan ilógico el tránsito del concepto de la existencia de Dios tal como la expresamos naturalmente, al de la existencia de relaciones dentro de El. Lo comentaremos más adelante.

Sin embargo, supuesta la divina revelación del misterio trinitario, nosotros, que sabemos por razón natural que Dios contiene simplicisimamente la plenitud del ser, ampliamos el concepto natural que teníamos de su esencia y expresamos con el mismo una substanciarelación, esto es, una esencia que es un ser relativo por sí misma y no por algo añadido a ella. De modo que en el concepto teológico de la esencia divina se halla incluída la nota de relación, la cual, por tanto, se puede encontrar por análisis o explicitación del mismo concepto integral. Se impone, pues, hablar con ciertas reservas de una distinción adecuada de la divina esencia respecto de sus relaciones, a pesar de la concesión casi unánime de los teólogos.

Pero aun prescindiendo de esto y abordando la otra parte de la distinción, mucho más importante en esta materia que la primera, parece insostenible la distinción adecuada del ad respecto del in. Digo, pues, que el concepto ad no es adecuadamente separable de un respectivo in y que, por tanto, una explicitación del ad se encuentra necesariamente con un in proporcionado.

Para comprenderlo fácilmente basta proponer, que es tanto como refutar, el sistema psicológico antes mencionado del fenomenismo de H. Taine o actualismo de G. Wundt, según el cual no existe el alma substancial, sino una serie de fenómenos anímicos, verbi gratia: de pensamiento, que van sucediéndose unos a otros sin interrupción y sin substrato substancial alguno: un pensamiento, decimos sin vacilar, es inconcebible sin alguien que piense. El sujeto pensante estará contenido in recto o in obliquo, explicite o implicite; pero sin salir del concepto de pensamiento se encuentra por análisis lógico, por deducción solitaria. (Véase nuestro libro El talent, cap. 3, n. 8 y 9).

De la misma manera el concepto formal de relación, el puro referirse, el ad, no tiene sentido adecuado si no hay alguien que se refiera a otro. Este alguien, que es el absoluto, en el cual se verifica la relación, esto es, el in que contiene el ad, puede hallarse por mera explicitación analítica del concepto de relación. Luego el concepto ad no se distingue adecuadamente del concepto in.

Nótese, para percibir mejor la fuerza de este argumento, lo que a veces parecen olvidar los teólogos, a saber: que no se trata de la relación en abstracto, sino de la relatio in divinis. Supongamos que alambicando y forzando el concepto abstracto de relación se obtiene un ad adecuadamente separado de su propio in; pero ni bajo pretexto de relación se puede admitir en Dios una distinción cum praecisione objectiva, incompatible con la divina simplicidad, si no es entre los términos opuestos relativamente.

En esta cuestión, la mayor parte de los teólogos niegan la distinción adecuada del ad respecto del in en las relaciones divinas. Basta citar dos nombres tan importantes y de significación tan distinta como Suárez y Juan de S. Tomás.

Entre los que afirman la distinción adecuada se cuenta Vázquez y modernamente Billot. Nulla in ipso Deo esse potest adaequata distinctio rationis, dice este último, praeter eam quae est inter substantiam absolutam et relationes» (De Deo uno, q. 3).

Aunque el ad incluye el in, no lo incluye determinadamente, sino en forma indeterminada, esto es, no como in propiamente dicho o accidental, sino como el absoluto indispensable para fundar la relación. Puede, por tanto, per se el ad verificarse en forma substancial o en forma accidental, en Dios o en las cosas creadas.

Esta condición no es propia de la relación, sino que la hallamos en los atributos divinos que llamamos absolutos: la sabiduría, por ejemplo. Ella no puede darse por si sola, sin alguien que sea sabio; pero como en su concepto formal no determina la condición metafísica de tal sujeto, puede verificarse como substancia o como accidente. En Dios, suma simplicidad y plenitud de ser, la substancia importa la sabiduría y todas las perfecciones, o queda anulado el concepto que de Dios tenemos; en las criaturas, la sabiduría es algo añadido al concepto de substancia, ya que ésta puede darse sin la sabiduria.

Suele argüirse así: el esse ad en la relación no es accidente ni substancia; luego puede ser una cosa u otra; por esto la relación cabe realmente en Dios identificada con la substancia divina. En cambio, la cualidad, por ejemplo, importa la inherencia en su misma nota formal; por esto no puede haber en Dios cualidades reales.

Este argumento, a pesar de sus apariencias de lógica estricta, es un paralogismo. Su defecto estriba en que los términos relación y cualidad no se toman situados en el mismo plano existencial. Se dice cualidad, y se entiende ya una perfección añadida a la esencia de un sujeto y, por tanto, inherente en el mismo. La cualidad así entendida es esencial y formalmente un ser accidental. Pero si se tomase la palabra cualidad en sentido trascendental, esto es, en cuanto expresa simplemente una perfección, la cualidad así entendida lo mismo podría ser substancia que accidente. Ni más ni menos que la relación: si la tomamos como algo que sobreviene al ser constituído y le ordena a otro, es accidente en su sentido formal; pero si se toma en sentido trascendental como un puro esse ad, puede ser o accidente, según el modo natural de entenderlo nosotros, o bien substancia, a la luz de la Teologia.

No obstante, hay que admitir con el común de los teólogos que algo propio tiene la relación sobre los atributos absolutos, en cuanto a distinguirse de la substancia divina, y es que éstos se conciben como informándola, como descansando en ella, como perfeccionándola en sí misma, mientras que la relación la representa proyectándose en algo o como oponiendo un término a otro.

Se insiste mucho, creo que demasiado, en esta diversidad de atributos absolutos y relativos respecto de la divina esencia. Es posible que en ellas tenga parte no pequeña la concepción imaginativa. Tal vez se basan exclusivamente en el primus intuitus de la mente, rectificado después en gran parte por la atención refleja. Pero aun admitiéndola en todo el alcance que puede concedérsele, nada se deduciría más que lo siguiente: los atributos absolutos, verbi gratia, la sabiduría, expresan más, in recto, más explícitamente la esencia divina; la relación la expresa in obliquo, implícitamente; pero esencialmente, a tenor de las razones anteriores..

El concepto ad, en las relaciones divinas, separado del concepto in, es una operación violenta, una vivisección y, en cuanto se le atribuye valor de cosa adecuada, es separar imaginativamente dos términos que la razón lógica exige inseparables.

Para explicar la distinción entre la naturaleza divina y las relaciones trinitarias, se ha recurrido a la división del ente transcendental en substancia y accidente según las categorías aristotélicas. La razón formal de substancia es algo que no está fuera de la noción de ente y, sin embargo, introduce en ella una diferencia real respeto de la de accidente. Así como la noción de ente transcendental contiene en su simplicidad la razón de su unidad y la de su distinción en substancia y accidente, así también en la simplicidad del ser divino se contiene la razón de la unidad de esencia y la de la distinción de personas.

«La Esencia divina se halla con respecto a las Personas divinas, según Torres, de una manera parecida a como se encuentra el ente con relación a los individuos en la contracción de aquél. Nada hay extrínseco al ente. Lo que se añade al ente al contraerse, es también ente. De la misma suerte lo propio que indica la Persona divina, además de la Esencia, es también perfección de la Esencia. Pero así como el individuo tiene perfecciones que, aunque sean ente, no están expresadas por la noción común de ente, así también la Persona divina indica perfección que no entraña la Esencia» (Bartolomé Torres, por A. TemiñoBurgos, pág. 83).

Opinamos que no es muy feliz esta explicación propuesta por B. Torres y aun nos parece inconveniente. Con ella, en vez de aumentarse la tenue luz de la razón sobre el misterio trinitario, se corre el peligro de una mayor obscuridad y desconcierto. El ser transcendental abarca todo lo que pertenece al orden de la substancia y del accidente; pero lo abarca en virtud de su indeterminación, esto es, en un sentido puramente potencial y negativo. Abarca todo lo inferior, es predicable de todo, porque en si no expresa nada de ello concretamente. Desde el momento en que contuviese alguna determinación inferior, dejaría de ser aplicable a las otras de signo contrario: v. g. en cuanto expresase determinación de carácter substancial en tanto dejaría de ser aplicable al accidente y viceversa.

Un concepto así es diametralmente opuesto al que la Teología ortodoxa tiene de la Divinidad. Dios contiene en acto todas las perfecciones, y de ninguna manera es predicable de todas como un concepto universal que se contrae por adiciones concretas progresivas. Las relaciones divinas no son con respecto a la esencia de Dios algo que la determina sacándola de un estado potencial, sino algo contenido actu y determinadamente aunque de manera misteriosa en la infinita perfección del Ser divino.

Por esto los conceptos universales o trascendentales y su distinción. en géneros, especies, etc., son rechazados generalmente por los teólogos, como inadaptables a las distinciones introducidas en Dios por el dogma de la Trinidad. No nos referimos precisamente a las pretensiones de algunos idealistas alemanes del siglo pasado para explicar el dogma trinitario por la evolución del Ser trascendental (Cf. Zigliara, Propaedeutica, lib. 1, cap. 7). Ellas son evidentemente heterodoxas y vanas por su oposición a la realidad dogmática; pero aun para el orden conceptual hay que admitir la diferencia irreductible, la oposición diametral entre el concepto del Acto puro y el juego de las ideas abstractas. El ser trascendental representa el máximum de mera potencialidad con respecto a la realidad en acto.

Después de las anteriores explicaciones, pasamos a plantear la cuestión trinitaria en los siguientes términos: a) ¿Una distinción así atenuada puede constituir el supremo recurso para la solución del argumento llamado por antonomasia antitrinitario, que se refiere al principio de identidad comparada?

b) ¿Hasta dónde puede fundarse en esta distinción la explicación de la igualdad de las tres personas divinas en perfección?

c) ¿Con esta explicación no se corre el peligro de que el principio de identidad comparada, así como no tiene aplicación para Dios in relativis por la distinción entre el ad y el in, tampoco la tenga in absolutis, y con ello se llegue a la subversión total de la teodicea?

La distinción empleada por el común de los teólogos para responder al argumento antitrinitario basado en el principio de identidad comparada (quae sunt eadem uni tertio, sunt eadem inter se), la expresa Santo Tomás con estas conocidas palabras: «Quaecumque uni et eidem sunt eadem, sibi invicem sunt eadem, in his quae sunt idem re et ratione, sicut tunica et indumentum; non autem in his quae differunt ratione» (1, 28, 3, ad 1).

Esta distinción tiene, como veremos, su valor de respuesta inmediata; pero resultaría muy discutible como solución última de la gran dificultad vale para evitar la contradicción expresa, in terminis ipsis; pero no tiene valor de solución real y definitiva. Se trata, hay que confesarlo francamente, de una solución mínima y que no puede ser empleada sino con ciertas reservas y explicaciones.

En efecto. Parece claro que el principio de identidad comparada subsiste en un terreno superior a la distinción aludida. Dos cosas que sean iguales a una tercera re et ratione, serán iguales entre si re et ratione; si lo son re et non ratione, serán también iguales entre sí re etsi non ratione. Pretender que una distinción meramente conceptual pueda justificar la distinción real entre dos términos realmente iguales a un tercero, sería pretender evadirse de las leyes inexorables de la realidad y de la realidad misma, con una operación de la mente creada.

Decir, pues, que el argumento antitrinitario no concluye por razón de su forma lógica, es decir bien poca cosa; es, por sí solo, una mera evasiva o, con términos más usados en Teologia, una actitud negativa. La dificultad subsiste ulteriormente porque lo que es evidente en el terreno real y aun en el de la intuición inmediata, hay que aceptarlo aunque no se nos imponga por razón de la forma lógica de los argumentos aducidos en su favor.

Por lo demás, la misma fórmula del principio de identidad comparada supone que se trata de términos que son idénticos re (como lo indica el condicionado o conclusión del principio); pero distintos ratione, para que pueda tener lugar la comparación de dos cosas con una tercera; dos términos idénticos re et ratione no son dos, sino uno en la misma concepción mental; por tanto, no pueden dar lugar, si no es ficticiamente, a una comparación entre sí. La comparación, o no tiene sentido o supone dos términos distintos. Y adviértase que aquí son dos las comparaciones con un tercero, como exige la fórmula del principio de identidad comparada.

Afirmar que el principio de identidad comparada sólo tiene consistencia cuando se trata de términos idénticos no sólo re sino también ratione, equivale a negar el valor de dicho principio, o por lo menos a restringirlo limitándolo a los conceptos sinónimos. Dos términos que se identifican no sólo en el orden real, sino también en el orden conceptual, sólo pueden diferir nominalmente; son, pues, sinónimos. Y así parecería indicarlo el mismo Santo Tomás en el lugar citado, con el ejemplo que aduce sicut tunica et indumentum. Pero esto equivaldría a reducir a la más completa esterilidad lógica el principio en cuestión, ya que la identidad de los términos sinónimos la impone la misma definición sin necesidad de movilizar principios ni raciocinios. Subsistiría solamente el valor de esta fórmula inofensiva: dos términos sinónimos de un tercero son sinónimos entre sí.

La lógica de estas consideraciones ha obligado al P. Billot a poner esta nota especial al texto de su solución al argumento antitrinitario:

<<Nota bene quod ratione eadem non ea tantum dicimus quae conceptu omnino ad invicem convertuntur sicut in synonimis evenit, sed quae etsi conceptu explicito differant, adhuc tamen se habent ut implicite contentum ad implicite continens et viceversa» (De Deo trino, thes. VIII).

Palabras justas y profundas; pero difíciles de compaginar con la doctrina (que ya hemos impugnado) del mismo gran teólogo sobre la distinción adecuada entre la esencia y las relaciones: In ipso Deo nulla esse potest adaequata distinctio rationis, praeter eam qune est inter substantiam absolutam et relationes» (Ib. q. 3, ad thes. V). La distinción entre dos términos uno de los cuales está contenido implícitamente en el otro, no puede llamarse adecuada.

Parece surgir de aquí una nueva confirmación de la doctrina propuesta anteriormente sobre la distinción inadecuada entre el ad y el in de las relaciones divinas. Si se admite una distinción adecuada, queda en posición dificil la verdad y el sentido de esta proposición tan cierta como ortodoxa: el ad y el in en Dios se identifican; porque en esta proposición el ad y el in, por lo mismo que se comparan entre sí, no se pueden tomar más que en sentido formal, esto es, no en cuanto idénticos, pues la comparación supone términos diversos y, por tanto, según la opinión de Billot y otros, que hemos impugnado, como adecuadamente distintos. Pero la afirmación de identidad entre términos adecuadamente distintos es falsa; por lo menos carece de toda garantía epistemológica en el terreno analítico. Solamente en el de la sístesis puede ser garantizada su identidad, esto es, en cuanto la experiencia o intuición nos dé verificados idénticamente ambos términos en la realidad. Pero aquí no se puede invocar la intuición experimental, como es evidente; ni tampoco teólogo alguno invoca para probar la antedicha proposición, lo que sería en esta materia, el sustituto de la experiencia, a saber, una revelación especial afirmando esta identidad, sino que por el mismo sentido de los términos relación divina y esencia divina se concluye en virtud de la simplicidad de Dios a la negación de toda distinción real o sea a la afirmación de su identidad (1, 28, 2).

Surge, pues, contra la proposición de que se trata el siguiente dilema: tomado el ad en sentido formal es falsa, o al menos imposible de ser probada analíticamente; tomado en sentido material, o sea referido a su realidad en Dios, es tautológica, porque el ad en este sentido coincide exactamente con el in; son una misma expresión mental que no puede compararse ni afirmarse con relación a sí misma más que ficticiamente.

Sólo admitiendo una distinción inadecuada subsiste el sentido y el valor analítico de la proposición aludida. En virtud de esta distinción hablamos de términos formalmente distintos; lo cual nos permite establecer entre ellos comparación como distintos y al mismo tiempo garantizar analíticamente su identidad por cuanto el concepto de uno incluye el concepto del otro, no por coincidir adecuadamente, sino que no pueden separarse adecuadamente ni aun por operación mental.

A pesar de la apariencia de lógica impecable de este argumento, que acabamos de exponer en confirmación de lo expuesto anteriormente rechazando la distinción adecuada entre el ad y el in de las relaciones divinas, podríamos ponerle el siguiente reparo: La simplicidad divina obra aquí como un dato obtenido previamente, en cuya virtud el ad y el in, que nosotros concebimos distintamente, han de ser aceptados como idénticos in re. Y este dato previo basta para garantizar la identidad del ad y el in, aun cuando los conceptos con que nosotros los expresamos fuesen adecuadamente diversos.

Nos remitimos a las explicaciones que daremos más adelante sobre la contextura lógica y el proceso mental generativo de estos juicios; pero nos ha parecido conveniente indicarlo desde ahora para prevenirnos contra cierta clase de argumentos muy tentadores por su apariencia de lógica irrebatible en materias trinitarias. De su abuso dependen en parte no pequeña la obscuridad y las antinomias que abundan en la literatura teológica sobre las relaciones in divinis.

Hemos dicho que la distinción conceptual tiene un valor inmediato para evitar la contradicción expresa de la doctrina trinitaria de las relaciones ante el principio de identidad comparada. Vamos a exponerlo demostrando exercile que este valor subsiste en la distinción inadecuada que nosotros propugnamos, lo mismo que en la distinción adecuada que otros establecen. Así se afirma el valor de la distinción mental y se evitan, además, los inconvenientes que contra la distinción adecuada acabamos de señalar.

Sean los conceptos a, b, c: los dos primeros a y b realmente distintos entre sí y realmente idénticos a un c indivisible, simple, como nos lo impone la doctrina trinitaria. Si el concepto a se verifica en c; pero sin coincidir con él adecuadamente, y si lo mismo decimos de b con respecto a c, a y b se identifican en la realidad de c; pero en el orden conceptual una zona objetiva (¡digámoslo así!) de a queda al margen de la identidad con c; y como lo mismo decimos de b, resulta que no hay contradicción expresa, formal, in terminis ipsis, entre la identidad real de c con a y con b y la distinción real entre a yb, tal como la expresan nuestros conceptos.

En el esquema argumentativo: ac, bc, luego ab, si la identidad entre a y cy entre by c fuese no sólo real, sino también mentalmente adecuada, real y adecuada sería también la que hay entre a y b; pero si a es igual a c no por identidad adecuada, sino solamente porque a es algo contenido realmente en c, de modo que c contiene a y algo más y lo mismo decimos de la igualdad bc, entonces no se sigue la conclusión a=b en virtud precisamente de la común identidad de a y de b con c. Ejemplo: el hombre es animal; X es animal; ¿luego X es hombre? No, diréis en seguida: no vale la consecuencia, porque los conceptos de hombre y animal no coinciden perfectamente hasta ser convertibles. El hombre es animal y algo más, y en virtud de este algo más que la noción de hombre añade a la de animal, puede darse, y se da de hecho, algún animal que no sea hombre.

Supongamos que de hecho no se da in rerum natura más animales que el hombre; entonces la conclusión sería verdadera; pero no en su sentido formal, esto es, como conclusión de tales premisas, sino por razón de la materia objetiva que percibimos al margen de tal raciocinio.

Apliquemos a las relaciones divinas el anterior esquema argumentativo: p (paternidad)e (esencia divina), f(filiación)=e, luego pf. Si las igualdades pe y fe fuesen entre conceptos o términos finitos y adecuadas, el esquema sería lógicamente impecable; pero adviértase que la identidad conceptual entre pye no puede ser perfecta y adecuada. En nuestros conceptos lo relativo y lo absoluto difieren como lo in se y lo ad alium entre los cuales es imposible una perfecta y positiva coincidencia. La revelación nos impone esta coincidencia en el orden real; pero nuestros conceptos la expresan muy imperfectamente.

La igualdad de p con e no puede ser identidad adecuada o exhaustiva, sino que e además de verificar p, tiene todavía un sobrante, por decirlo así, con el cual puede verificar f. Y así no se deduce la identidad p=f, sino sólo estotra: e que verifica pes el mismo e que verifica f. No son, pues, contradictorios y absurdos los conceptos con que expresamos el dogma trinitario.

Con esto, sin embargo, no queda resuelta definitiva y positivamente la objeción antitrinitaria. La igualdad inadecuada de dos términos distintos entre si, con un tercero, tal como nosotros la concebimos, supone en éste una composición, incompatible con la simplicidad divina. La distinción inadecuada entre pye no corresponde a la realidad, sino que es efecto de nuestra elaboración mental; en el orden real pye se identifican en una entidad simplicísima y, por tanto, adecuada y exhaustivamente. Y como lo mismo hay que decir de fe, se impondría ineludible para el orden real la conclusión pf, si por otra parte no nos constara que pyf son términos opuestos que no pueden identificarse.

Queda, pues, siempre el fondo del misterio: que e siendo absolutamente simple pueda realizar en sí términos opuestos y, por tanto, realmente distintos, py f. Y aquí también hay que buscar, lo decimos ya desde ahora, la explicación que impide aplicar esta doctrina lógica a los atributos divinos absolutos. La distinción de éstos respecto de la divina esencia viene a ser como la de los atributos relativos, según hemos dicho anteriormente; pero los atributos absolutos en Dios no pueden ser incompatibles entre si en virtud de una oposición, pues expresan formalmente algo en Dios, no hacia otro como los relativos; su oposición equivaldría a negar en Dios el principio de contradicción. Hay, pues, que confesarlos idénticos entre si, o habría que negar su identidad con la simplicísima divina esencia en el orden real.

Cuando analizamos el misterio trinitario a la luz del principio de identidad comparada, nos referimos ciertamente a la realidad trinitaria; pero nos referimos a ella a través de los conceptos con que la aprehendemos. Si la contradicción no se halla en los mismos conceptos, como hemos demostrado, falla la apelación al principio de identidad comparada para condenar por absurdo el misterio de la Trinidad divina. El único criterio para juzgar de su verdad sería el concepto intuitivo y propio del misterio.

Para corroborar esta doctrina lógica de los teólogos insistamos en el análisis del esquema del argumento antitrinitario pe, fe, ergo p = f. En la premisa mayor pe el término p se toma en su sentido formal, esto es, como esse ad; de lo contrario, en sentido material, como esse in, la proposición sería tautológica y aun imposible de formular. Se quiere decir, pues, y se dice únicamente (bajo pena de falsedad de la premisa en cuestión) que el contenido del concepto p se identifica en el orden real con el sentido de e aunque ambos conceptos sean diversos formalmente. Pero, según hemos notado, el esse ad y el esse in no son entes homogéneos, sino profundamente heterogéneos; lejos de convenir unívocamente, sólo convienen en una analogía remota: son el ser in se y el ser ad aliud, Y si en aritmética las cantidades heterogéneas no pueden sumarse, mucho menos pueden sumarse en una perfecta identidad valores tan profundamente heterogéneos como los representados por los términos conceptuales pye.

Resulta de aquí que el sentido de la premisa mayor es sumamente curioso: expresa una identidad real; pero la expresa con términos que no pueden ser idénticos, según el módulo y la condición de nuestros mismos conceptos. El ser in se, por lo mismo que es tal en nuestra concepción, no puede concebirse como idéntico al ad aliud y viceversa. Por consiguiente, la identidad significada por pe es de orden real; pero intraducible al estado de nuestros conceptos.

Por tanto, si las premisas pe y fe no tienen valor formal como expresiones conceptuales, sino que sólo son fórmulas deficientes de una realidad que no podemos expresar propiamente con nuestros conceptos, jamás en virtud de las expresiones conceptuales pe y fe se podrá concluir pf, porque los términos de las premisas, en cuanto expresados por nuestros conceptos, son irreductibles a identidad. Esta sólo puede ser establecida por percepción directa, intuitiva, de la realidad.

He aquí la falla fundamental del argumento antitrinitario basado en el principio de identidad comparada. Falla porque la identidad establecida en las premisas no es tal identidad en el orden formalmente conceptual, sino sólo en el orden de la realidad. Y esta identidad real, tal como es en sí, es inexpresable para nuestros conceptos. Ahora bien, el argumento a ntitrinitario, como toda argumentación, procede según el módulo y expresión de nuestros conceptos.

Pero insistiréis objetando: cuando decimos pe expresamos una verdad real, no una fórmula conceptual vacía, ni menos falsa. Resp. Ciertamente; y aqui aparece la tragedia de nuestra concepción mental. Sabemos que se trata de una identidad real; lo sabemos cierta, pero vagamente, como si dijéramos, pues cuando tratamos de expresarla lo hacemos con términos incapaces de identidad, tal como nosotros los concebimos y usamos. Subsiste, sin duda alguna, la identidad en el orden real, y, por tanto, queda siempre en pie la dificultad de conciliar en nuestros conceptos la identidad de términos que se nos representan como inconciliables; pero dada por la fe la identidad real de estos términos, nuestros conceptos carecen de valor para impugnarla porque no sirven para expresarla en forma argumentativa.

Y nótense los límites modestos, pero suficientes, a que se ciñe la respuesta teológica. Las observaciones anteriores son en parte aplicables a la distinción entre la esencia divina y sus atributos absolutos, la cual es también una distinción de conceptos sobre una misma realidad única y simple, pero inexpresable para nosotros tal como es en sí.

Pero la distinción es más radical entre la divina esencia y sus atributos relativos que respecto de los absolutos: el ad aliud dista más del in se que el in alio, sin que nosotros podamos precisar los grados y el alcance de estas distinciones. Dentro de esta obscuridad nos dice la fe que entre dos atributos relativos divinos hay distinción real en virtud de su oposición. Y la razón, que no podría concederlo, tratándose de atributos absolutos entre los cuales no cabe in divinis oposición irreductible, ha de confesar su ignorancia para probar lógicamente la imposibilidad cuando se trata de atributos relativos.

Un atributo o cualidad o perfección poseída limitadamente y como aditamento a una substancia, puede resultar incompatible con otros atributos en el mismo sujeto, como vemos acontecer en los seres limitados; pero en Dios todos los atributos despojados de toda nota de imperfección se hallan realizados en la identidad simplicísima de la substancia divina, excluyéndose entre ellos, por tanto, todo lo que tengan de opuesto y dejando en ellos solamente lo que tienen de ser y de perfección y de compatibilidad en el Ser infinito. Los atributos relativos son de condición distinta, ya que importan en su mismo concepto la oposición; suprimirla equivale a suprimir la esencia de la relación en su mismo concepto formal.

La razón última la da siempre la naturaleza especial de la relación que, como hemos notado al principio, nada afiade en el sujeto, sino solamente lo proyecta hacia otro. Esta es su nota diferencial respecto de las otras categorías fundamentales el in se y el in alio, la substancia y el accidente absoluto.

Ahora bien; puede concebirse la oposición entre dos atributos que no expresan formalmente una identidad in subjecto sino una como bifurcación ad alium; pero es inconcebible que sean opuestos dos atributos que por su expresión formal pongan algo in subjecto y más aún, si lo ponen en identidad perfecta. De aquí se sigue que el absurdo evidente que sería atribuir a Dios perfecciones absolutas opuestas y, por tanto, incompatibles en si, desaparece o pierde su evidencia tratándose de atributos relativos.

Así, pues, la sola distinción conceptual no basta para evadir el argumento antitrinitario; pero ella, cuando es tan especial como la que existe entre el in se y el ad aliud, permite la sospecha o evita el absurdo evidente de una oposición y, por tanto, de una distinción real entre dos atributos correlativos, entre dos ad aliad, a pesar de su identidad, también especial en cuanto la expresan nuestros conceptos.

Hay que distinguir las nociones de igualdad e identidad. Las ecuaciones matemáticas, por ejemplo, importan una igualdad de valores: se trata de dos cantidades numerice distintas y por esto permiten a la mente establecer entre ellas comparación en virtud de la cual se deduce que, aunque distintas en sí, expresan valores iguales. Su esquema es de una lógica simple y evidente: a=c, b=c, luego a=b.

Pero cuando se trata de una identidad se supone in terminis un solo objeto en el orden real (A) el cual representa dos aspectos (a y a'), que se expresan por conceptos diversos. Las proposiciones a A y a'A, que serían las premisas del argumento fundado en el principio de identidad comparada, son expresiones tautológicas sin sentido lógico en cuanto expresan la realidad, porque en ésta no hay más que A sin otro término real a quien compararlo. La identidad de a con a' no se establece, pues, en virtud de un raciocinio, sino que se nos da inmediatamente en la intuición o conocimiento directo de A, en el cual percibimos a y a' como idénticos en A; es, pues, una mera explicitación del concepto intuitivo A, no una deducción propiamente tal. Sólo en el caso de que aya', o uno de ellos, no procediese en nuestra mente de la intuición de A y nos constase por distinto procedimiento su identidad con A, tendría sentido lógico el raciocinio fundado en el principio de identidad comparada.

Es obvia la aplicación de estas observaciones a la cuestión trinitaria. La identidad p=f no puede ser establecida en virtud del raciocinio pe, fe, ergo pf, porque la verdad de las premisas sería inseparable mentalmente de la verdad de la conclusión. La identidad simultánea con py con f que verifica e, según nuestros conceptos adaptados a términos absolutos, es ya ella misma la identidad py f: viendo una identidad se intuye también, no se infiere, la otra. No hay, pues, raciocinio; hay percepción directa de una realidad. Por consiguiente, es esta sola, la realidad vista en sí misma, quien garantizaría en todo caso la identidad p = f. Y si la visión directa de la realidad (para nosotros en estas circunstancias la revelación) nos diese la oposición, y, por tanto, la distinción real entre pyf, tendríamos ciertamente un misterio profundo, inexpresable para nuestros conceptos; pero al mismo tiempo seria ilógico el argumento con que pretendiéramos impugnarlo.

En general, una afirmación de identidad no puede ser jamás la conclusión de un argumento directo, como es el silogismo antitrinitario. O ha sido percibida anteriormente la identidad de los términos, o no; si fué percibida, la obtenemos, no por deducción, sino por intuición; si no lo fué, no podemos afirmarla antes de haberla establecido deductivamente. Ahora bien; para establecer las premisas de este argumento pe, fe, ergo p=f, es necesario haber percibido a e verificando per identitatem py f, lo cual es imposible sin percibir al mismo tiempo la identidad de p y f en e. Ni puede suponerse aquí una percepción implícita y ulteriormente una explicitación, porque la percepción de las premisas importa la percepción explícita de p y f, según nuestros conceptos adaptados a las categorías absolutas. Dada por la fe o por la razón la simplicidad absoluta de Dios, la identidad de todos los atributos en la esencia divina no es una consecuencia sino una parte de aquella verdad: una parte que no puede quedar implícita sino que se presenta explícitamente a quien, admitida la divina simplicidad, considera actualmente, explicitamente sus términos, esto es, sus perfecciones o atributos.

La conclusión es siempre la misma: la afirmación de identidad entre p yf no puede imponerse como conclusión del silogismo antitrinitario, sino por la visión directa de la realidad o por la fe, que aquí es el sustituto de la intuición experimental.

Queda siempre en pie la cuestión ulterior y única: ¿la simplicidad divina no importa necesariamente la identidad de pyf como la de los atributos absolutos? Cuestión esta que el silogismo antitrinitario no resuelve, sino que supone resuelta al formular sus premisas, según el concepto de los atributos absolutos, esto es, sin oposición real entre p y f.

En teología sacramentaria se presenta una cuestión de tipo lógico, cuyo parecido con la presente puede arrojar alguna luz sobre ésta. Los enemigos del dogma eucarístico arguyen de esta manera: La proposición hoc est corpus meum, tal como la entienden los católicos, no tiene sentido racional. En efecto, el sujeto hoc o significa el pan o el cuerpo de Cristo. Si lo primero, es falsa la identidad que establece, y, además, niega la transubstanciación; si lo segundo, es también falsa porque el pan es pan y no el cuerpo de Cristo hasta terminada completamente la fórmula transubstanciativa y no ya en el momento inicial de su enunciación.

Responde la doctrina católica: el sujeto hoc de la proposición eucarística no significa formalmente el pan ni el cuerpo de Cristo; prescinde de entrambos quedándose con el sentido formal siguiente: esto que tengo en las manos», o «esto que aparece a mis ojos, etc., y prescinde, por abstracción, de concretar y determinar la esencia (pan o cuerpo de Cristo) de lo que tengo en las manos o aparece a mis ojos.

Esta explicación en virtud de la cual la fórmula transubstanciativa sostiene su valor lógico dentro de nuestros conceptos, no es perfectamente. aplicable a la proposición pe, pero tiene con ella un parecido interesante. El sujeto p (paternidad divina) si se toma en su sentido formal, o sea como distinta de e según nuestro modo de concebir, expresa una identidad falsa, y, por tanto, habría que negarla; con lo cual el argumento no podría pasar adelante. Y si se toma en sentido material equivale a ésta: la paternidad divina en cuanto al ser que es padre se identifica con la esencia divina. Y como el mismo sentido tiene la segunda premisa fe, la conclusión no puede ser más que esta: que py/, en cuanto al ser absoluto en que se verifican la paternidad y la filiación, son idénticos. Proposición verdadera y perfectamente ortodoxa; inservible, por consiguiente, para impugnar el dogma trinitario.

Pero no cabe aquí la respuesta simple y precisa que se da a la objeción antieucarística porque p no puede abstraer de su sentido formal (esse ad) sin caer en la nada. El concepto de paternidad comparado con el de esencia y, por tanto, distinto de él, si se pone abstraído de lo que es formal en la noción de paternidad es un absurdo formal, es un sinsentido, es la nada. Y como la nota formal de p, o sea el esse ad, es, según el módulo de nuestros conceptos, refractaria a la identidad con e (esse in), nuestra mente ante el misterio trinitario se encuentra siempre envelta en la tragedia de expresar una verdad p=e con términos o conceptos que no pueden expresarla como es ella misma, sino entre incoherencias e impropiedades y contrasentidos que la inhabilitan o, por lo menos, imponen reservas sutiles cuando tratamos de usarla para ulteriores funciones lógicas.

Completamos la doctrina que acabamos de exponer resolviendo la siguiente dificultad que, aunque pueda parecer una divagación de la presente materia, tiene un interés fundamental en ésta y en otras cuestiones teológicas: Según las anteriores explicaciones, parece imponerse esta disyuntiva: el sentido de la proposición pe, o bien es falso o tautológico. Lo cual no sólo es contrario al uso de todos los teólogos y aun contra el sentido común, sino que aplicado a los atributos absolutos, importaría la ruina de todo raciocinio en teodicea.

Hay que distinguir en nuestros conceptos dos clases de expresión objetiva: una, que podríamos llamar provisional, hipotética, y otra, que podríamos designar con el nombre de realizada. Tal vez aqui encajarian bien las designaciones escolásticas de in actu signato y exercito. Esto adquiere una importancia especial en los que se refieren al Ser infinitamente perfecto. Hablamos, por ejemplo, de la esencia divina y la referimos a cualquiera de sus atributos absolutos o relativos por medio de un juicio afirmativo. Establecemos, pues, una distinción de conceptos sin la cual es imposible el proceso de un juicio mental. Pero surge espontánea la pregunta: ¿cómo es posible concebir la divina esencia separada, v. g., de la sabiduría sin falsear conceptos? Porque la esencia divina o se concibe como infinita y como infinitamente actual, o se concibe falseada. ¿Y cómo puede sostenerse que expresa la perfección infinita aquello que deja de expresar la sabiduría?

Habría que concluir, según esto, que la esencia divina es inconcebible sin la sabiduría y, por tanto, que no puede establecerse aquí distinción conceptual contra el sentir de los teólogos que aplican unánimemente aquí la distinctio rationis y aun contra la misma evidencia experimental.

La distinción virtual o conceptual inadecuada obtiene aqui también un papel importante. Cuando consideramos la esencia del Ser infinito como distinta de su sabiduria, partimos de un concepto provisional, mutilado, diríamos, o mejor, inacabado de la misma. Un concepto que si bien en su explicitación completa y adecuada no podría prescindir de expresar tales notas, las deja inexpresadas formalmente cuando lo dejamos en estado implícito, esto es, sin desarrollar mentalmente toda su virtualidad.

No se sigue, por tanto, de las explicaciones anteriores, que todo juicio por el cual predicamos de Dios alguno de sus atributos sea un juicio tautológico o falso, v. g.: Dios justo. El sujeto, Dios, no se toma aquí en el sentido formal de ser infinitamente perfecto, sino en otros sentidos menos acabados; pero suficientemente distintivos, como el de primer principio, ser necesario, etc., en los cuales la noción de perfección infinita no está contenida explícitamente. En cambio, sería tautológica esta proposición: «el ser infinitamente perfecto es justo, porque supuesto que la justicia es una perfección, el sujeto «infinitamente perfecto significa explícitamente y aun formalmente la justicia junto con las demás perfecciones.

Este procedimiento conceptivo que no es otro que el que designamos con el nombre de abstracción mental y que usamos corrientemente y con perfecta ógica en nuestras ideas relativas a objetos finitos, resulta algo peligroso y debe usarse cautelosamente cuando se trata de Dios, por las condiciones objetivas del Ser infinito; el cual expresado con límites, así positivos como negativos, importa una contradicción.

En nuestros conceptos se puede constatar la presencia de varias notas que constituyen la noción integral de cada uno de ellos. Cuando se trata de objetos finitos, si por abstracción mental dejamos de expresar una de dichas notas esenciales, alteramos la noción integral; pero queda un residuo de concepto objetivo cuya representación formal tiene o puede tener sentido distintivo suficiente: extrínseco o intrínseco, esencial o accidental. En el concepto del Ser infinito cualquier abstracción que practiquemos quitando de su expresión una sola de las notas integrantes de la totalidad, es ura subversión del mismo concepto. Por esto, cuando espontáneamente expresamos el Ser infinito según el módulo de nuestros conceptos adaptados a las condiciones del ser finito con abstracciones y separaciones mentales, expresamos el Ser infinito hipotéticamente, convencionalmente; pero, en realidad, lo que formalmente expresamos, traducido al orden ontológico, no es más que un ser finito con pretensiones subjetivas de representación infinita, un concepto objetivo que sólo es infinito convencionalmente.

Esto crea una situación difícil a nuestras ideas respecto de Dios y que, no advertida sutilmente, conduce a conclusiones teológicas contradictorias, a posiciones y cuestiones que constituyen la pesadilla del teólogo. Los teólogos debieran no haber olvidado nunca la siguiente observación que queremos dejar consignada aunque sea incidentalmente: una cosa es la distinción mental que consiste en desgajar del concepto que tenemos de Dios algunas notas para atribuirselas después reflejamente en forma de juicio, v. g., cuando decimos «Dios es sabic»; y otra, plantear cuestiones de sentido ontológico a base de aquellas distinciones mentales. El primer procedimiento es perfectamente lógico, mientras queda ad usum privatum, como si dijeramos, para ordenar y manejar nuestros conceptos, sin pretensiones de sentido ontológico que, tratándose de Dios, ser esencialmente simple, acarrearían la ruina de su mismo concepto convirtiéndolo en un contrasentido. Aquí, en el olvido de esta observación, habría que buscar tal vez el núcleo de algunas de las más vivas y agitadas e interminables controversias teológicas.

Hay que recoger estas consideraciones al hacer la crítica del argumento antitrinitario. Supuesta por la fe la Trinidad de personas divinas y dada la simplicidad y actualidad como notas indispensables en el concepto con que expresamos a Dios, la abstracción que verificamos entre la esencia divina y las relaciones para poder afirmar su identidad, es no sólo una vivisección como hemos dicho, sino también un contrasentido si su significación fuese realizada y no sólo provisional, esto es, si no se reduce a un proceso meramente lógico, sin pretensión de sentido ontológico. La esencia divina expresada unitariamente al margen de su Trinidad es tan absurda, supuesta la revelación, como la misma esencia infinita expresada con exclusión de la

nota de sabiduría:

«Dico rationem illam objectivam quae concipitur notione essentiae divinae (vel cujuscumque attributi absoluti) esse talem ut realiter includat el supposita revelatione ac fide judicari debet includens rationem relativam personas, que Patrem, Filium, Spiritum sanctum. Si vero judicaretur, realitatem quae objicitur conceptui divinae essentiae (vel attributo absoluto) esse abstractam praecisione objectiva ita ut non includat personas; is non esset conceptus essentiae divinae, et hoc judicium esset omnino falsum», (Franzelin, De Deo Irino, thes. 15, III.)

No obstante, esta identidad en el orden ontológico, en virtud de la distinción virtual aunque inadecuada, podemos expresar la relación sin expresar formalmente la esencia y viceversa: podemos, pues, formular la proposición pe; pero no olvidemos que su estructura lógica es irrealizable, en cuanto p en su sentido formal es refractario a su identidad con e, tal como nosotros expresamos entrambos conceptos. Esta es, como dijimos, la situación trágica de nuestra mente ante la Trinidad divina, y ésta también la clave para la solución o desvalorización del argumento antitrinitario.

En cuanto a la segunda parte de la objeción propuesta que arguye con la desvalorización de todo raciocinio en teodicea si se admite como solución del argumento antitrinitario la distinción tomista de re et ratione, decimos que esta distinción sólo tiene valor lógico cuando se trata de atributos relativos, pero no con los absolutos. Y no se crea que esto constituye una táctica de fútil evasiva, sino que responde a la diferencia con que expresan nuestros conceptos la identidad entre la esencia divina y sus atributos absolutos y la identidad de la misma con los relativos. Comparemos estas dos proposiciones: la sabiduría en Dios es su misma esencia; la paternidad en Dios es su misma esencia. En el orden real las dos son evidentes en virtud de la simplicidad divina, de la condición divina de acto purisimo, perfección infinita, etc. En el orden conceptual, tanto la sabiduría como la paternidad, han de ser concebidas provisionalmente como distintas de la esencia divina y, por tanto, como accidentes que sobrevienen a ella aportándole una nota; de lo contrario sería psicológicamente imposible formular una proposición, que necesariamente procede de la comparación de dos términos más o menos distintos. Hasta aquí la igualdad es completa entre el sentido de ambas proposiciones.

Cuando tratamos de afirmar la identidad de la sabiduría y la esencia, expresamos la primera, a nuestro modo, como accidente, como perfección que sobreviene a la esencia; y la subsiguiente afirmación de identidad en vez de destruir el concepto de sabiduría, lo sublima, esto es, lo realiza eminenter. La sabiduría en nosotros es algo que se acerca a nosotros, que viene, que está en nosotros; pues bien, en Dios este acercarse, este venir, este estar en El, es tan completo que se traduce en una identidad. Es, como si dijéramos, una tendencia centripeta que no se para en la yuxtaposición del móvil junto al término, sino que llega, siguiendo su sentido natural, hasta la completa fusión de entrambos.

Cuando se trata de atributos relativos, el sentido es contrario, la tendencia es centrífuga. Y esto en virtud de la condición propia del ser relativo. El ad aliud representa como una huida del ser hacia otro: es una tendencia de sentido separatista. Por tanto, la afirmación de identidad entre la esencia divina y uno de sus atributos relativos, lejos de verificar el concepto de relación eminenter, por sublimación, como vimos sucedía con los atributos absolutos, lo contradice abiertamente si nos atenemos al modo propio de nuestra expresión conceptual: es un huir de sí mismo, una tendencia infinita de separación realizada en virtud de una identidad entre los términos que se separan.

He aquí la paradoja profunda de nuestros conceptos de teología trinitaria que anteriormente hemos calificado de tragedia: ¡expresar una identidad real valiéndose de términos refractarios a la identidad!

Una lógica severa y objetiva exige la máxima precaución en el uso de tales proposiciones. La doctrina teológica de Santo Tomás, cuando emplea la distinción re et ratione para disipar el argumento antitrinitario no es una evasiva meramente verbal, sinó que procede de una concepción tan profunda como sutil de la naturaleza del ser relativo y de su realización en la esencia divina.

Para apreciar la situación y el valor de nuestros conceptos sobre el misterio trinitario y en general ante el misterio divino, podemos valernos de ejemplos que jamás serán adecuados a la desproporción entre lo finito y lo infinito, pero la reflejan de alguna manera, aunque pálidamente.

Supongamos un hombre ciego de nacimiento, y para mayor precisión admitamos que todo su pensamiento se ha originado y funciona exclusivamente a base de imágenes tactiles. Para éste, la idea de un ser material se basa en la resistencia de los cuerpos al tacto, en las sensaciones de calor, frío, etc. Si le decís que sus manos y todo su cuerpo pueden verse inundados de una materia o energia material que se llama luz, sin experimentar sensación tactil alguna, lo aceptaría si le merecen crédito vuestras palabras; pero si él por cuenta propia quiere discurrir sobre la naturaleza y funcionamiento de la luz, con sus ideas propias basadas en la experiencia tactil exclusivamente, por todas partes surgirá lo incomprensible, lo absurdo. ¡Pensad, por ejemplo, cuáles serían las ideas de este ciego sobre los cuerpos diáfanos que atravesados por la luz permanecen intactos en su constitución física, cuando para él la primera y más fundamental condición de los cuerpos es su resistencia, su impenetrabilidad! ¡Qué concepto se formaría de la iluminación polícroma de un cuerpo con luces procedentes de distintas direcciones compenetrándose, modificándose y matizándose con influencias mutuas sin dar frío ni calor, sin suavidadés ni asperezas al tacto! ¿Qué le pasaría si pretendiese determinar la cantidad de luz por el único criterio que él tiene para determinar la cantidad: el peso o el volumen, por ejemplo? ¡Con qué dificultades tropezaría si intentase aplicar a la luz este principio similar del de identidad comparada: dos seres materiales, dos cuerpos iguales en peso y en volumen son también iguales en densidad!

Pues bien, un ser que verifica en su perfecta simplicidad la razón de substancia y la de relación, lo que llamamos una relaciónsubstancia, es algo incomparablemente más extraño a nuestros conceptos y más impropiamente expresado con ellos que con relación a las ideas de un ciego de nacimiento la naturaleza y condiciones de la luz.

En el orden de lo potencial y finito la substancia es el ser que existe en si y, por consiguiente, pertenece al orden absoluto; la relación es algo que sobreviene a la substancia en sí constituída y la refiere o la proyecta hacia otro fuera de si. Los seres finitos tienen una determinación fijada por su esencia dentro del orden absoluto y, por tanto, la relación entre ellos se verifica por algo añadido a la esencia. Esta, sólo en potencia verifica el concepto de relación. En este orden, pues, de lo potencial y finito, una substanciarelación es un contrasentido: lo que es en sí, no puede referirse a otro sino por algo que sea de alguna manera distinto de sí.

Pero en Dios, la substancia es el ser en sí y, por tanto, plenamente absoluto y al mismo tiempo es relación por sí misma y no por algo sobrevenido a su esencia absoluta. Mas como la relación es inconcebible sin la oposición y distinción de dos términos relativos, y como la relación divina que es, según hemos dicho, la misma substancia infinita de Dios, no puede depender de algo fuera de Dios, parece necesario admitir una pluralidad realizada dentro de la purísima simplicidad de la divina substancia. La esencia divina, por cuanto verifica por sí misma la razón de relación, es necesario que contenga en sí todo lo que se requiere para verificar dicha razón, y en primer término la pluralidad de términos relativos. Si no la contuviese no sería relación por si misma, lo sería sólo en potencia, que necesitaría un término extrínseco para ser reducida en acto.

Esta condición de las relaciones divinas establece entre ellas y las relaciones creadas una diferencia fundamental respecto a su adaptación el principio de identidad.

Desde el momento en que por la revelación se nos impone la existencia en Dios de relaciones reales, o sea la distinción real de tres personas que son las tres idénticas a una misma esencia simplicisima, se nos impone la existencia de un ser con unas condiciones distintas y superiores a aquellas que determinan en las creaturas el valor del principio de identidad comparada.

En efecto; el principio de identidad comparada tiene valor evidente cuando se trata de objetos absolutos (y en este terreno lo usamos nosotros exclusivamente) en virtud de la propiedad trascendental del ser absoluto, que por ser tal es uno e indiviso en sí y distinto de cualquier otro. «Quod constituit aliquid in esse entis, dice Suárez, constituit etiam in esse unius et consequenter distincti a quolibet» (De Trinitate, lib. 7, cap. 4, n. 6). En el terreno de lo absoluto, lo que es indiviso en si no admite división dentro de sí, sino sólo con respecto a los demás fuera de sí. Dos términos divisos o distintos no pueden aquí darse más que bajo la condición de que uno de ellos esté fuera del ser que es uno e indistinto en sí, esto es, que sea un ser distinto.

Esta es la base del principio de identidad. En estas condiciones, dicho principio o no tiene aplicación por tratarse de términos no idénticos, u obtiene fuerza irrefragable. Pero una relaciónsubstancia, tal como nos la presenta la divina revelación, verifica, sí, la distinción respecto de cualquier otro fuera de sí; pero pone dentro de su unidad substancial, distinción o pluralidad de términos relativos que son substancialmente idénticos. La unidad trascendental del ser que es relaciónsubstancia tiene, pues, condiciones diversas y aun opuestas a las que son propias de los otros seres que son absolutos: aquellas condiciones precisamente que determinan en éstos el valor trascendental del principio de identidad comparada.

Supuesta, pues, por la fe la verdad de las fórmulas pe y fe y la falsedad de p=f, esto es, dado un ser, Dios, que es per identitatem una relación con dos términos opuestos entre sí y distintos, contenidos en la realidad del ser divino e idénticos a ella, se plantea una cuestión, se establece un ser, cuyas condiciones son refractarias al principio de identidad comparada. Este principio no es que flaquee en sí, es que no tiene aplicación en esta materia que, por lo demás, es única entre todas las posibles.

De lo dicho, una consideración se destaca como fundamental: que los conceptos trascendentales de unidad y división se verifican en Dios de una manera muy diversa de la significada por nuestra expresión conceptual. En Dios se da esto que nosotros llamamos unidad de esencia y lo que designamos con la frase pluralidad de personas; pero la visión intuitiva de Dios, sin destruir el fondo de verdad de nuestros actuales conceptos, nos reserva indudablemente sorpresas insospechadas, matices imprevisibles.

La unidad y la variedad en Dios dependen de su simplicidad infinita, que sin menoscabo alguno de su indivisión, abarca todo el conjunto de las va riadísimas perfecciones actuales y posibles. Esta simplicidad tan ininteligible para nosotros como cierta teológica y filosóficamente, es la última palabra que nuestra mente puede pronunciar ante el gran misterio, y con ella queda disipada toda dificultad racional; más que disipada, lo repetimos, transmitida para el momento en que veamos la infinita realidad en sí misma y no a través de nuestros pobres conceptos.

Y he aquí cómo la simplicidad divina que se nos presenta como el gran obstáculo de la multiplicidad trinitaria, es la clave para la solución de la dificultad, si sabemos concebir la realidad divina cual conviene concebirla, esto es, verificando en sí y sin menoscabo propio toda la perfección actual y posible de la multiplicidad.

Buscar en el depósito de nuestros conocimientos, todos ellos de base experimental, un ejemplo de unidad y variedad que corresponde adecuadamente a la realidad divina una y múltiple, sería pretender un imposible. Hemos de contentarnos con analogías lejanas; pero no dejan éstas de ser sugestivas.

El alma humana es una realidad simple que verifica las tres condiciones de vegetativa, sensitiva e intelectiva. Una inteligencia que no conociese más que seres puramente vegetativos (plantas) y seres puramente intelectivos (ángeles), ¡qué concepto y que discursos mentales formaría acerca del alma humana! Según sus ideas, la condición material de planta sería incompatible con la espiritualidad angélica y viceversa. Y la veríamos discurriendo al estilo de los antitrinitarios de esta manera: el ser vegetal se identifica en el alma humana con la realidad de ésta que es espiritual; tenemos, pues, un absurdo: la identidad esencial entre espíritu y materia.

Le haríamos observar, para deshacer su argumento, que la espiritualidad en el alma humana, aunque es verdadera, se verifica de una manera distinta a la espiritualidad angélica, y que lo mismo se ha de decir de la materialidad de la planta con respecto a las fuerzas vegetales del alma. Tus conceptos, le diríamos, tienen un contenido real verdadero; pero lo expresan de una manera distinta de la realidad que pretendes juzgar. Sólo cuando percibas en sí misma la realidad humana estarás en condiciones de formular un juicio apodíctico.

Evadida de esta manera la dificultad antitrinitaria en el terreno formal de la lógica, queda la cuestión ulterior que se refiere al orden real; pero de éste no podemos juzgar nosotros más que a través y a tenor de los conceptos que de ella nos formamos. Si de éstos no resulta la contradicción, es vano el ataque al misterio desde este punto de vista formal. Queda, sin duda, el misterio, en el orden real, pero no el absurdo en los conceptos de nuestra fe.

Pasando ahora del terreno conceptual al de la realidad divina, hemos de confesar humildemente nuestra impotencia para comprender el misterio; pero no renunciamos a encontrar razones que lo justifiquen no sólo negativamente, esto es, que lo sitúen fuera del alcance de toda objeción racional, sino también sugestiones de carácter positivo. Véamoslo:

Hay que distinguir en el misterio trinitario, como en cualquier otro, su esencia y su existencia. Su esencia, esto es, cómo el ser divino, siendo simple, puede realizar por identidad perfecta términos opuestos y distintos es algo francamente y absolutamente superior a nuestras menguadas concepciones. Pero en cuanto a su mera existencia, la misma razón natural puede vislumbrar y aun tal vez establecer algún aspecto parcial de su verdad. En efecto, si admitimos, como parece imponerse, que la relación, aun en su aspecto formal, no es la pura nada, sino algo que es un ser real, y, por tanto, verdadero y bueno, si bien con una bondad o perfección y verdad muy distintas de las del orden absoluto, parece imponerse la conclusión de que el ser infinito, por ser tal, no puede carecer de la perfeción o verdad que es propia de los seres relativos. Y como los términos opuestos entre sí por una relación no pueden identificarse, habría que admitir una distinción real dentro de la simplicidad divina.

¿Pretendemos con este argumento demostrar el dogma de la Trinidad divina con la sola razón natural? Absit! En primer término, ya hemos confesado que su esencia es impenetrable. Y en cuanto a su existencia, por la misma imposibilidad de concebir su esencia, si no existiese el testimonio de la revelación, mejor tendríamos por una falacia el argumento que acabamos de proponer, porque conduciría al absurdo de la negación de la simplicidad divina.

La conclusión del argumento lo mismo podria ser la existencia en Dios de una pluralidad dentro de la unidad que la verificación de la relación in divinis sin necesitarse la pluralidad. Según nuestros conceptos ambas son igualmente incomprensibles. Si preferimos la primera a la segunda, es por las indicaciones de la fe.

Falla también, y fundamentalmente en cuanto a fuerza demostrativa estricta, porque el concepto de perfección que se atribuye al ser relativo, y en el cual se funda el argumento, es algo muy obscuro y discutible, y, en todo caso, insuficiente para oponerlo a una verdad tan clara como la simplicidad divina.

Falla, en fin, el argumento en cuanto al número de relaciones, y, por tanto, de personas que hay que poner en Dios. El argumento propuesto más bien parecería concluir a un número ilimitado de relaciones para satisfacer las exigencias del concepto de un ser infinito, en el cual si se concede pluralidad de relaciones, parece debería concederse pluralidad ilimitada. Y aquí aparece un nuevo indicio de la falacia lógica del argumento en cuestión: quod nimis probat nihil probat!

Podría tal vez replicarse, para limitar el número de las relaciones en Dios, que las otras relaciones distintas de las que se originan de la generación y la expiración importan formales imperfecciones que no caben en Dios, o bien son relaciones puramente lógicas no reales, y que en todo caso lo que pueden importar de perfección ya está contenido eminentervirtualiter en la esencia divina. Mas esta réplica es en sí misma muy insegura. ¿Por qué la filiación, v. g., puede darse en Dios purgada de toda imperfección y otras relaciones no? Y si las otras relaciones están contenidas en Dios eminentervirtualiter, ¿por qué la perfección infinita de la divina esencia no contendría del mismo modo las relaciones que determinan la distinción de las tres Personas?

Como se ve, pues, el argumento aparece sombreado y debilitado bajo muchos puntos de vista esenciales para pretender la gloria de una demostración de la Trinidad divina, aunque no fuese más que en cuanto a la existencia del misterio. No obstante, hemos creído conveniente su proposición, porque sugiere un aspecto insospechado a primera vista, en cuyo sentido es racional admitir que se extiendan las expansiones del Acto infinito, el campo de la perfección relativa, cuya peculiaridad aplicada a Dios adquiere derivaciones que desbordan y trastornan nuestros pobres conceptos.

La respuesta al qüesito b) sobre la igualdad de perfección en las tres

Personas divinas depende de la que se dé a la siguiente cuestión: el esse ad del ser relativo, ¿importa una perfección? In hac quaestione, dice Gotti, divisos invenio thomistas, multis negativae parti adhaerentibus. Ego libentius aliis subscribo affirmativam tuentibus» (De divinis relationibus, dub. 3) Cf. Billuart, De S. S. Trinitatis mysterio, disert. 3, a. 5. = Suárez, De Trinitate, lib. 3, cap. 10, n. 2) con toda su escuela sostiene decididamente la afirmativa, mientras que los tomistas propugnan generalmente la negativa. (Véase, p. e. Billot, De Deo trino, thes. 42). Un esquema de la variedad de opiniones teológicas sobre el particular puede verse en la intervención del P. Crisostomo de Pamplona. (3." Semana española de Teología».Madrid, 1943, pág. 27, seq.) En el fondo de esta cuestión podía haber una parte importante de discrepancias verbales. Los que conceden a la relación en su aspecto formał el carácter de perfección, han de admitir que se trata de una perfección sui generis, profundamente diversa de las perfecciones absolutas. Estas ponen en el sujeto una nota que reposa en él y lo completa en sí mismo, como un aumento o expansión de la substancia en sí misma. La relación en su aspecto formal es como una expansión del sujeto fuera de sí mismo, no pone nada dentro del sujeto, sino que se realiza proyectándolo hacia otro.

El esse ad de la relación no es separable adecuadamente, esto es, con concepto mental adecuado, del esse in según nuestra opinión razonada anteriormente; pero si forzando los conceptos se llega a aislar el esse ad de todo esse in y se pretende que importa una perfección, se hace muy difícil explicar el sentido y el valor de esta perfección. ¿Puede importar perfección aquello que nada pone en el sujeto? ¿A quién, pues, perfecciona una tal perfección? ¿Qué clase de perfección se importa, por ejemplo, en el fieri de una cosa, considerado aisladamente del principio y del término?

Por otra parte, el esse ad de la relación es un concepto positivo que expresa algo, que es una realidad, que no es la nada. Ahora bien; lo que es algo, lo que no es la pura nada, es un ser, ya que entre el ser y la nada no podemos concebir término intermediario alguno y, por tanto, ha de importar una bondad, una perfección, sea ésta como sea.

Nosotros, ante esta difícil alternativa, optamos por la siguiente explicación. El esse ad completamente separado de todo esse in es no sólo una vivisección, como hemos dicho, sino también una ilusión metafísica tal vez imaginaria; como el fieri separado de todo sujeto, principio y término: puedo abstraer de tal o cual sujeto, de tal o cual principio o término; pero si no quiero elaborar un absurdo mental, he de concebir el fieri como de un sujeto, partiendo de algún principio y dirigiéndose a un término. Así, el esse ad de la relación, por más que forcemos la abstracción de la mente, jamás lo obtendremos totalmente aislado sin que lleve asociado algún esse in más o menos vago, más o menos oblicuamente o implícitamente expresado.

El puro esse ad, pues, si pudiese ser obtenido perfectamente aislado, no expresaría perfección alguna en ningún sujeto, ni en su principio ni en su término, porque prescindiría de todo sujeto, de todo principio y de todo término. En realidad sería un absurdo y, por tanto, la nada.

El esse ad de la relación no debe considerarse (en esto se padece con mucha frecuencia lo que yo he llamado una ilusión metafisica y que tal vez se reduce a una ficción imaginaria) como una realidad distinta de a y de b que salta de a hacia b, sino como un a saltando hacia b. El concepto de salto, por más abstracciones que hagamos sobre su noción, no expresa un puro saltar, sino alguien saltando. Será este alguien tan vago e indeterminado como queráis; no será ni hombre ni caballo, ni tendrá tal o cual peso, ni volumen, etc., etc.; pero será, por lo menos, un algo, un ser que salta. Sin expresar in recto o in obliquo, explícita o implícitamente, un ser saltando, la noción de salto es un absurdo, es la nada. Así también la relación concebida como un puro esse ad en el sentido estricto de la expresión, es un absurdo; hay que concebirla no como una pura referencia, sino como algo (un algo tan indeterminado y abstracto como se quiera) que se refiere a otro.

Y nótese que cuando no se trata de la relación en abstracto, sino de la relatio in divinis, ese algo indispensable en el concepto de relación se presenta concreto y determinado: Dios, la divina substancia. Por tanto, el puro esse ad in divinis, el concepto formal de la divina relación que prescindiera adecuadamente de la esencia divina, expresaría un absurdo, expresaría la nada, по expresaría perfección alguna.

Estas consideraciones que hemos fundado expresamente en la naturaleza especial del relativo, son también aplicables en cierta manera a los atributos absolutos de Dios. Todos los teólogos convienen en que la sabiduría, por ejemplo, expresa una perfección en su sentido propio y formal. Pero el concepto de sabiduría consta de dos notas: el esse in (en Dios esse in se) común a todos los accidentes y lo que es propio y distintivo de la sabiduría respecto de las demás cualidades o perfecciones. Y si forzando absurdamente el concepto separáis esas dos notas, prescindís del esse in y os quedáis con lo distintivo de la sabiduría, vuestro concepto no expresa perfección alguna a pesar de la ilusión contraria, que es pura imaginación. Una perfección que no es inherente ni subsistente, nada pone de por sí en el sujeto, y la nada no significa perfección alguna. La ilusión metafísica procede aquí del empleo de un concepto falso de sabiduría mutilado en su misma esencia, porque el concepto de sabiduría no tiene sentido si no expresa un esse in.

Según estas observaciones, en el concepto adecuado de relación se importa algo positivo y, por tanto, una perfección en el sujeto relativo. Y esto hay que admitirlo a fortiori de las relaciones divinas.

Pero la fuerza de la abstracción mental, insistiréis, puede separar notas que son inseparables no sólo en la realidad, sino aun en el concepto adecuado de ellas y obtener así conceptos verdaderos, aunque truncados y, por tanto, absurdos si se les atribuye una separación adecuada. Podemos definir la humanidad aislada de cualquier sujeto humano y fijar su sentido y su valor, dejando la nota hombre, sujeto, inexpresada en la oblicuidad del concepto. Pues bien; el esse ad de la relación así elaborado mentalmente, ¿importa una perfección?

Analicémoslo ulteriormente. Si por perfección se entiende todo aquello que aumenta el valor intrínseco de un ser, un puro esse ad no es perfección, porque no representa un valor intrínseco, sino sólo la proyección de los valores intrínsecos de un sujeto hacia otro.

Sin embargo, esta proyección en los seres finitos y potenciales representa un nuevo valor, o mejor, un valor realizado y exteriorizado: representa el paso de un estado potencial a su acto propio, y este paso parece innegable que ha de importar formalmente un perfeccionamiento. Un ser con potencia para producir un efecto se considera y es más perfecto después de su actuación que anteriormente a ella, aunque con ella nada nuevo parezca haber adquirido en sí mismo, en el conjunto de sus notas constitutivas o inherentes.

Pero, ¡notémoslo!, se trata siempre de una potencia que se reduce al acto propio, de una expansión del ser a fuera de sí mismo, la cual forzosamente pone algo en el mismo ser potencial, si no el efecto de una actividad, la acti vidad misma que es algo distinto del ser potencial; si no el operatum, la operatio, que es algo perfectivo del ser operante, al menos en cuanto importa su reducción de potencia a acto. (Cf. Theologumena, De Deo operante, cap. VIII, п. 17.)

Esto que decimos de la categoría acción es aplicable a la relación; pero cuando se trata de Dios en el cual no cabe potencialidad alguna, cesa la fuerza de esta consideración. En Dios esta proyección del ser hacia fuera de sí no es como un complemento de sus valores; todo el contenido de su perfección es puramente hacia dentro y sin actuar potencialidad alguna. Toda la perfección, todo el complemento que una relación puede acarrear al ser relativo, en Dios hay que admitirla completamente autóctona sin dependencia alguna de la realidad exterior. Admitir en Dios una relación que aumente la perfección o el valor del concepto anterior de Dios como Acto purísimo es un contrasentido, es partir de una idea de Dios que es absurda porque es antagónica de la idea del Acto purísimo.

Y aquí nos enfrentamos de nuevo con el misterio fundamental del dogma trinitario; cómo en el Acto purisimo pueda caber la relación real. Ad extra, no; al menos como complemento del Ser, que es ya de sí completísimo e incapaz de ulterior perfeccionamiento. Ad intra, pues; pero entonces, ¿qué sentido tiene, el que es esencial y formal de la relación, aquel proyectarse hacia sí mismo, en un ser que carece de partes?, jun ser simplicisímo que se proyecta hacia sí mismo!, įsin sufrir ni la más insignificante mutación interna ni externa! Todavía más: ¡y verificando con esta misteriosa proyección dentro de sí dos términos opuestos y, por tanto, realmente distintos!

Pero partiendo del hecho incuestionable de la existencia en Dios de relaciones reales, y admitiendo, según la doctrina expuesta anteriormente, que el concepto del Acto purísimo, el del Ser infinito, expresa por su misma definición, aquello a lo cual es imposible añadir perfección alguna, se sigue lógicamente que si al concepto que tenemos de Dios añadimos la nota de relaciones reales, no añadimos nada de perfección, a no ser que partiéramos de un concepto mutilado y, por tanto, falso, del Acto purísimo e infinito. Luego el puro esse ad de las divinas relaciones en su sentido formal no expresa una perfección.

Y surge espontánea la objeción: luego el puro esse ad expresa la nada, porque entre la nada y el ser no cabe medio, y el ser es bueno o sea perfecto por necesidad trascendental.

Resp. Hay quien sostiene (los Salmanticenses) que no todo ser real importa perfección. Nosotros opinamos que la solución (o desviación) del dilema objetado está en demostrar que parte de un principio falso, del concepto mutilado y absurdo del esse ad de la relación. Este concepto, como antes indicábamos, no es una pura proyección, sino la proyección de un ser, o un ser proyectándose; no es un puro ad, sino un esse ad. Por más que forcemos su proceso abstractivo expresa siempre un esse determinado o indeterminado in recto o in obliquo y, por tanto, una perfección; pero una perfección que no es el puro ad, sino el esse del ad. Si en el esse ad de la relación suprimimos adecuadamente el esse, nos quedamos con un ad puro que no es esse, ni es perfección, porque es el absurdo, la nada.

Con lo dicho quedaria resuelto en sentido tomista, aunque por un proceso distinto del común de esta escuela, el arduo problema de la igualdad de las tres Personas divinas en perfección infinita, no obstante la distinción real de las relaciones divinas. Es que, como dicen los teólogos repitiendo, a veces muy superficialmente, la profunda doctrina de Santo Tomás, la relación en su concepto formal no importa perfección; la importa sólo el esse que se refiere a otro. Ahora bien; este esse es infinito y común a las tres divinas Personas. En Dios, una sola realidad simplicisima es esse y es ad; pero nosotros, no pudiendo abarcar la realidad divina tal como es en sí, la dividimos en dos partes, al modo como la percibimos en las relaciones creadas. De estas dos partes distintas sólo conceptualmente, el ad adecuadamente separado del esse no expresa una perfección ulterior a la expresada por el esse divino, es un puro ad alium.

Los teólogos que sostienen y explican de otra manera el valor de perfección que obtiene la relación in divinis, parecen limitarse a salvar la igualdad de perfección en las tres Personas divinas como una mera ecuación de valores distintos; nosotros establecemos identidad de perfección. Las explicaciones de estos teólogos a los cuales aludimos, no dejan de ser ingeniosas y profundas (Cf. e. g. Suárez, O. c., lib. 3, cap. 10 Franzelin, De Deo trino, thes. 15, III). Con ellas la igualdad parece quedar a salvo suficientemente. El mismo valor y el mismo esfuerzo importa de por sí el salto desde un lugar a otro que desde éste al primero; pero la igualdad sería mucho más estricta si pudiese convertirse en identidad: esto es, que el mismo valor y el mismo esfuerzo único (no dos valores distintos en sí; pero iguales ad invicem) verificara el salto primero y su recíproco.

Así también en el orden real de las divinas perfecciones, el mismo valor representa la relación del Padre al Hijo (Paternidad) que la del Hijo al Padre (Filiación); pero si estos valores de perfección en vez de ser dos distintos, pero iguales, fuesen uno sólo en identidad numérica, se alcanzaría el grado máximo en el sentido de la igualdad divina y evitarían serias dificultades emergentes del concepto del ser infinito con pluralidad de notas perfectivas.

Además, hay que tener presente que no se trata sólo de garantizar la igualdad de perfección entre dos Personas divinas. Estas son tres y cada una de ellas igual no sólo a cada una de las restantes, sino también a todo el conjunto trinitario (Denzinger, n. 226). Si, pues, cada una de las divinas relaciones, en aquello en que se oponen entre sí importan una perfección especial, distintiva, aunque estas perfecciones sean exactamente iguales ad invicem y precisamente por esto mismo, cada una de ellas no puede ser igual a todo el conjunto.

Esta gravísima dificultad cesa radicalmente en nuestra explicación. La identidad numérica de la perfección que hay en cada una de las divinas Personas hace que no sea mayor la de las tres que la de una sola: es, simplemente, la misma, idéntica.

Franzelin da una solución a esta dificultad que acabamos de proponer y solventar, que por partir de un punto de vista con el cual coincidimos, nos merece atención especial. Después de haber negado la distinción adecuada, cum praecisione objectiva, entre la esencia divina y las relaciones, concluye: Dum igitur concipio formalem rationem essentiae seu absoluti, non quidem explicite concipio relativum, attamen concipio id quod ex intima sui ratione necessario est simul relativum trina substantiali relatione, adeoque est omnis perfectio, tum quae sub ratione absoluti, tum quae sub ratione relativi explicite concipitur... vicisim sub notione personae, e. g. Patris, concipio quidem explicite relativum quod in notione essentiae solum erat implicitum; sed profecto non plus neque minus perfectionis comprehenditur sub hac Patris notione quam sub notione essentiae, quod idem valet de notione sive Filii sive Spiritus Sancti et proinde etiam valet sicut de singulis ita de omnibus tribus simul». (De Deo trino, thes. 15, III.)

Esta explicación, a pesar de su agudeza, tiene un defecto irremediable, si se admite que la noción formal de relación en su nota propia de ad expresa una perfección. En efecto: como la nota ad, o sea la relación, es triple realmente en Dios y el conjunto de tres unidades iguales es mayor que una sola de dichas unidades, queda siempre en pie la objeción. Aunque la noción de esencia contenga implicite sed vere la de relación y viceversa sólo se sigue que la esencia no sea inferior en perfección a las tres relaciones y éstas a la esencia porque se contienen mutuamente; pero una de las relaciones, como no contiene ni explicite ni implicite a las otras dos ya que se distinguen realmente, no puede ser igual al conjunto de todas ellas en perfección, si no es afirmando con Santo Tomás que la perfección está expresada en el concepto de esencia y no en el de relación en cuanto distinta de la esencia.

Las conclusiones del análisis que acabamos de hacer de la relación, podrán parecer a alguien sorprendentes y aun sospechosas. No hay motivo. Son aplicables también, al menos en parte, a los atributos divinos absolutos, v. g., a la sabiduría, como hemos demostrado anteriormente. Más aún: no sólo tienen valor referidas a los conceptos con que expresamos el Ser divino, sino que idénticas o parecidas conclusiones habría que sacar del análisis de cualquier concepto abstracto. Tomemos, por ejemplo, el concepto «humanidad y preguntémonos si expresa una perfección. La respuesta afirmativa se nos impone como evidente; pero la razón es porque el concepto <humanidad no abstrae ni puede abstraer del «ser hombre».

Al decir humanidad hay quien se hace la ilusión y afirma sinceramente que ha prescindido de todo hombre. Esto será verdad si se entiende de todo hombre concreto, determinado; pero el concepto «humanidad no puede prescindir de expresar algún hombre por indeterminado que sea, in recto o in obliquo, exercite o signate. Es que nihil intelligitur nisi sub ratione entis, como establece la misma gnoseologia escolástica y, por tanto, todo concepto importa un sentido existencial. Un concepto que no expresase de alguna manera la existencia, o mejor, que no expresase su contenido a manera de existente instar existentis, expresaría la nada, esto es, sería inexpresivo y, por tanto, dejaría de ser concepto. Como un pintor, cuando pinta un objeto, no puede pintarlo más que como real, como existente. Lo hemos razonado en otra parte y hemos hecho aplicación a importantes problemas de metafísica teológica. (La nosa de l'intellecte agent, n. 10.)

Pero si en el concepto humanidad se pudiese prescindir de todo ser humano, el concesto no expresaría perfección alguna a pesar de las imposiciones contrarias de una evidencia que es ilusoria. La idea de ser estå determinada o constituída por la existencia. Lo que de ninguna manera expresa la existencia, tampoco expresa el ser. Lo que no expresa el ser de ninguna manera, expresa la nada, o mejor, no expresa nada y, por tanto, no expresa perfección alguna porque no es concepto.

Estas observaciones coinciden fundamentalmente con las que hemos hecho sobre el concepto de relación; pero en este último terreno son todavía más apremiantes. Si la perfección es algo en el sujeto que la tiene, es incompatible con la nota formal de la relación que es el puro esse ad; éste, por su misma definición, se halla fuera del concepto de perfección. Pero este ad puro es inconcebible en sentido solitario adecuadamente: no puede tener expresión sin que de una manera o de otra se signifique el esse in, o sea el sujeto que se relaciona y es el que realiza en si la perfección propia de su ser absoluto. Cuando por una ilusión metafísica fácil de padecer, nos representamos la relación completamente desconectada del ser relativo, no representamos perfección alguna, es cierto; pero es porque representamos un absurdo, la nada.

Nota final. La última solución de todas las dificultades antitrinitarias y el recurso supremo de toda explicación teológica es el misterio de una relaciónsubstancia, esto es, un ser absoluto que pueda, en perfecta simplicidad, verificar dentro de sí relaciones opuestas.

Este misterio fundamental puede ilustrarse de alguna manera, con otro misterio cuya existencia nos impone la misma filosofía, sin la intervención de la revelación divina: el concepto de indiferencia actual en las operaciones divinas ad extra. Una acciónsubstancia no es menos misteriosa en cuanto a la explicación de su concepto, que una relaciónsubstancia.

Es cierto que la relaciónsubstancia pone términos opuestos intra Deum, mientras que la acciónsubstancia, o indiferencia actual, los pone fuera de Dios; pero siempre subsiste el gran enigma de un ser que en perfecta simplicidad e inmutabilidad verifica per identitatem acciones opuestas, esto es, que tienen efectos opuestos. ¿Cómo una misma simplicisima acción, sin cambio alguno real, puede ser razón de efectos reales distintos y aun opuestos?

La filosofía, demostrando en Dios la existencia del misterio de la acciónsubstancia, no demuestra la existencia del misterio de la relaciónsubstancia, ni siquiera su posibilidad estricta; pero deja entrever esta última de una manera insospechada.

Para fijarlo concretamente tomemos el paralelismo de la acción divina creadora.

En el orden de lo creado y finito la acción importa tres elementos: el sujeto agente, la cosa hecha y, mediando entre estos dos extremos, la misma acción que procede del agente y termina en el efecto. En Dios, este elemento intermedio que es la acción formal, no se da. Dios agente, de una manera directa e inmediata, pone frente a s el efecto. No es, por tanto, la acción divina ad extra una acción en sentido formal, sino eminenter, esto es: contiene toda la eficacia y perfección de las acciones creadas y en grado máximo, excluyendo todo lo que en ellas es potencial y defectuoso.

Así también la relación en Dios no puede concebirse como una realidad que media entre las divinas Personas. El puro esse ad en Dios como distinto del esse in es la nada pura y, por tanto, no puede ser razón de distinción personal alguna. El esse ad divino está contenido, como embebido, dentro de la substancia. Y éste es el gran misterio trinitario: que la divina esencia sin aquel elemento que en el orden creado realiza formalmente la nota esse ad, verifica dentro de sí misma el efecto propio del esse ad creado, esto es, la oposición relativa y la consiguiente distinción real de los correlativos.

Luego en Dios, objetaréis, no se dan relaciones formaliter, porque falta aquel elemento precisamente que es el formal en el concepto de relación.

Resp. Distingamos: en cuanto en Dios desaparece aquel elemento que en el orden creado constituye formalmente la relación, aquella realidad que media entre los dos extremos de la relación, concedo; pero en Dios se da todo lo que de perfección y virtualidad o eficacia, ¡digámoslo asíl, importa la relación en el orden creado y en primer término la distinción real de los dos extremos; pero sin aquella entidad intermedia que como a tal representa una potencialidad y, por tanto, una imperfección en su mismo concepto. De la misma manera que sin mediar acción alguna procedente de la divina. esencia y distinta de ella, Dios produce ad extra un operatum distinto de sí: lo cual, tratándose de agentes creados y finitos, sería un absurdo.

JUAN B. MANYÁ, Presbítero.